Ajout pour Le mystère de la Sainte Famille, page 44, solution 1.
La méditation de cet Évangile nous conduit à ajouter cette réflexion à nos propos, considérant un aspect qui nous avait jusque là échappé.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (12, 18-27)
En ce temps-là, des sadducéens
– ceux qui affirment qu’il n’y a pas de résurrection –
vinrent trouver Jésus.
Ils l’interrogeaient :
« Maître, Moïse nous a prescrit :
Si un homme a un frère qui meurt
en laissant une femme, mais aucun enfant,
il doit épouser la veuve
pour susciter une descendance à son frère.
Il y avait sept frères ;
le premier se maria,
et mourut sans laisser de descendance.
Le deuxième épousa la veuve,
et mourut sans laisser de descendance.
Le troisième pareillement.
Et aucun des sept ne laissa de descendance.
Et en dernier, après eux tous, la femme mourut aussi.
À la résurrection, quand ils ressusciteront,
duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse,
puisque les sept l’ont eue pour épouse ? »
Jésus leur dit :
« N’êtes-vous pas en train de vous égarer,
en méconnaissant les Écritures et la puissance de Dieu ?
Lorsqu’on ressuscite d’entre les morts,
on ne prend ni femme ni mari,
mais on est comme les anges dans les cieux.
Et sur le fait que les morts ressuscitent,
n’avez- vous pas lu dans le livre de Moïse,
au récit du buisson ardent,
comment Dieu lui a dit :
Moi, je suis le Dieu d’Abraham,
le Dieu d’Isaac,
le Dieu de Jacob ?
Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants.
Vous vous égarez complètement. »
Commentaire
Ce passage raconte un piège que les sadducéens tendent à Jésus. Ce n’est pas avec un cœur droit qu’ils lui posent cette question sur notre état au Ciel : « Sommes-nous mariés ou non à la résurrection, et avec qui ? ». Leur but est surtout de chercher une contradiction dans le fait qu’il puisse y avoir une résurrection des morts.
Jésus y répond avec habileté pour se tirer d’affaire, sans compromettre sa mission. Il semble affirmer que nous ne sommes pas mariés au Ciel, et c’est le seul lieu de l’Écriture qui aille en ce sens. Or, ce n’est pas précisément ce qu’il dit. Car le Ciel commence dès la mort, après le jugement particulier et un éventuel temps de purification. Et là, nous parlons de nous marier au moment de la Résurrection des morts, qui est le temps de la Résurrection de la chair au jugement dernier.
Certains Pères de l’Église (saint Grégoire de Nysse…) pensaient que les couples qui vivent vraiment de leur mariage continuent à vivre de leur conjugalité au Ciel. C’est d’ailleurs ce que l’on dit de Marie et Joseph : mariés sur la Terre comme au Ciel (selon les mots du père Verlinde). La question que nous avons soulevée, et dont la réponse par l’affirmative est la thèse que nous soutenons ici, est de savoir si cela peut s’étendre à tous les chrétiens quelques soient nos parcours de vie sur la Terre.
Dieu, dans sa Prescience et sa Providence, détermine au travers de nos choix sur la Terre, qui peut être le conjoint d’éternité que l’on découvrira pleinement au jugement particulier. Nous sommes donc « comme les anges », c’est-à-dire conçus dès l’origine (en prenant en compte ce que sera notre vie, car Dieu est en-dehors du temps) pour un conjoint particulier (ce que les anges sont en eux-mêmes, étant chacun une famille, une triade masculin-féminin-enfantin). Nous sommes masculin et féminin dans notre spiritualité (et pas seulement selon notre corporéité), vivant comme les anges d’une étreinte nuptiale en esprit (et pas seulement dans la matière). Et si nous sommes mariés, c’est pour pouvoir accueillir pleinement le Verbe de Vie, Jésus-Christ, qui vient comme un Enfant entre l’homme et la femme. Le Royaume est un mystère de noces. La Sainte Famille est le nouveau modèle de l’humanité.
À la Résurrection des morts, c’est-à-dire quand l’esprit retrouve la matière, il n’y a pas à prendre de mari ou de femme, nous n’avons pas à nous marier, ou à être mariés, car nous le sommes depuis toujours dans la Prescience divine, et de manière pleinement effective depuis le jugement particulier.
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