Gn 2,7 : « L’Éternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint un être vivant. »
Les hominidés sont apparus sur la Terre il y a des millions d’années. Dans cette famille se trouvent aujourd’hui les orangs-outans, les gorilles, les chimpanzés et les membres de l’espèce humaine, à savoir les homo sapiens. Le genre homo, dont on trouve la première trace il y a 2,8 millions d’années, a comporté plusieurs espèces dont il ne reste aujourd’hui que les homo sapiens que nous sommes qui sont apparus il y a 300.000 ans.
On appelle hommes préhistoriques les membres des diverses espèces du genre homo ainsi que d’autres espèces apparentés qui ont vécu au cours de la préhistoire.
Ces êtres présentent pour la plupart des caractéristiques d’évolution assez archaïques comparées à celles de l’homme moderne. Ils ont dans l’ensemble un physique primitif qui a connu de nombreux changements pour aboutir à celui d’homo sapiens. Ils sont marqués par l’usage progressif d’outils et l’apprivoisement du feu. Ils présentent aussi une culture primitive d’ensevelissement des morts et de pratiques artistiques (peintures, etc.). Ils devaient aussi posséder de nombreuses autres particularités dont nous avons peu de traces, mais rappelant les nôtres d’une manière embryonnaire.
Or, la foi nous dit que Dieu a créé l’homme a son image. Il l’a créé comme un être spirituel doué d’intelligence et de volonté, fait pour la relation et l’amour. Il a créé un premier couple, Adam et Ève, dont sont issus les membres de l’humanité. Ce couple a été créé dans un état de perfection originelle assistée par la grâce de Dieu, fait pour grandir en humanité et en sainteté avec le temps. Mais ce couple a commis le péché originel et a perdu son innocence et son intégrité. Cependant, Dieu n’a pas abandonné l’humanité et l’a mené au Christ qui par sa Croix a obtenu le salut du genre humain.
Mais, où se situe donc l’arrivée d’Adam et Ève dans la grande histoire du monde ? Est-ce à l’aube de l’avènement de tous ces hommes préhistoriques ? On serait tenté de le croire, vu les ébauches de civilisations que l’on voit s’y déployer. Et ce serait la chute qui aurait conduit à la régression de l’humanité vers un physique et des mœurs archaïques. Ou bien, dans un autre point de vue, ce serait l’absence des grâces originelles qui nous ferait voir cet état comme archaïque sans y voir toutes les potentialités futures.
Le problème d’une telle position, c’est que l’origine de l’humanité se trouverait alors trop divisée, trop diffuse et trop proche de l’animalité pour correspondre à cette image de Dieu inaltérable inscrite en l’homme. Quand un être est spirituel, cela lui est donné, non comme un donné vers lequel il tend progressivement par touche successive, mais immédiatement.
Le Christ en s’incarnant a été Dieu tout de suite, dans une humanité rendue apte immédiatement à accueillir une telle chose. Il ne l’a pas été progressivement, même s’il a dû grandir en humanité pour refléter en celle-ci toute l’image de la divinité. En fait, Dieu a préparé un peuple durant des siècles pour qu’advienne le Christ ; mais quand le Christ est advenu, il était pleinement Dieu dès sa conception.
On peut alors trouver convenable que Dieu ait préparé l’arrivée de l’humanité durant des millions d’années au sein de l’animalité pour qu’advienne un jour l’homme qui a alors été pleinement spirituel, pleinement homo sapiens.
Mais peut-on alors expliquer la culture embryonnaire des hommes préhistoriques par les simples lois de l’animalité où il n’y a pas de spiritualité ? Est-ce que leurs estimatives et leurs imaginations animales permettent de rendre compte des peintures, des sépultures et des outils ? Nous ne le croyons pas. D’autant que ces réalités sont quasi-absentes du monde animal d’aujourd’hui.
En Genèse 2,7, Dieu prend de la terre pour façonner l’homme. Cette terre, ce sont tous ces hommes préhistoriques qui sans avoir de spiritualités propres bénéficient d’une assistance d’en-haut pour préparer l’avènement de l’humanité. C’est l’Esprit-Saint, assisté des anges, qui a agi pour porter l’animalité au-delà d’elle-même jusqu’à l’avènement de l’homme. Dieu s’est plu à faire advenir ce foisonnement de vie. Les anges ont agi sur les sens internes et sur le physique de ces animaux pour les faire avancer sur des voies qui dépassent l’animalité.
Et un jour, au sein d’une espèce devenue fort semblable à ce que nous sommes nous-même, avec la culture rudimentaire d’une animalité surélevée par les anges et par l’Esprit de Dieu, sont apparus par intervention divine deux embryons dotés d’une âme spirituelle. Adam et Ève ont été conçus. Ils sont nés, ont été élevés et ont grandi au sein de cet espèce, tout en vivant en présence de Dieu, et en prenant progressivement leur distance par rapport au monde animal avec l’éveil de leur conscience pour entrer dans la vie proprement humaine.
Et tous les pré-hommes préhistoriques, non dotés en propre de spiritualité, ont progressivement disparu, car l’objectif de leur existence avait été atteint. L’homme, l’humain, le vrai, doté de spiritualité, était apparu. L’Esprit de Dieu et les anges n’ont plus alors eu de raison de maintenir leur existence. De toutes les espèces d’hommes préhistoriques que l’on peut observer, il ne reste qu’homo sapiens. L’animalité est retournée à ses propres lois en attendant que ce soit l’homme lui-même qui la transforme à son tour par sa spiritualité, aidé en cela des anges et de Dieu.
Dieu a agi dans l’histoire, comme il agit à chaque création d’une âme humaine.
Notons aussi que le monde qu’ont connu Adam et Ève avant la chute était déjà imparfait, en dépit de leur perfection propre due à la grâce de Dieu. C’était bien notre monde, celui que l’on connaît, avec son histoire trop surprenante depuis son origine pour dire que tout allait bien dans le meilleur des mondes jusqu’aux homo sapiens. En effet, il y avait déjà des anges qui avaient renié et qui n’ont pas apporté leur part dans la bonne marche du monde ; il n’ont pas apporté leur part dans ce projet de Dieu de faire advenir le monde des hommes qui dépasse ce dont est capable le monde matériel livré à lui-même. Mais cela n’a pas empêché Dieu de créer les hommes et de les créer dans l’innocence originelle, et c’est le péché des hommes qui nous a entraînés vers la souffrance et la mort.
Vous aurez remarqué que, selon nous, la création d’Adam et Ève s’est faite en se servant de l’animalité, et non pas directement indépendamment de tout le créé existant. Nous croyons que Dieu aime se servir des êtres qu’il a créés pour accomplir ses dessins. Il les prépare longuement pour que les choses adviennent dans une certaine continuité qui n’empêche pas de réelles ruptures ontologiques. C’est en tout cas ce que nous observons dans notre monde.
Dieu a préparé le monde matériel durant des milliards d’années pour qu’adviennent les hominidés. Dieu a préparé les hominidés durant des millions d’années pour qu’advienne l’humanité. Dieu a préparé l’humanité durant des milliers d’années pour qu’advienne le Christ. Et Dieu a encore prévu d’autres millénaires pour que toutes choses s’achèvent pour sa plus grande gloire.