Le sacerdoce du Christ consiste à faire circuler la vie divine du Fils vers le Père dans l’Esprit-Saint et à amener les créatures dans ce mouvement. Notre Seigneur offre ainsi chaque chose pour la glorification de Dieu. Il les installe par Miséricorde dans le déploiement de l’Amour de Dieu.
Les personnes possédant le sacerdoce ministériel sont marquées dans leur être pour signifier et réaliser cette fonction au nom du Christ. Ils adoptent une posture de prêtre dans la société des hommes et sont capables de poser les gestes qui actualisent le sacerdoce du Christ afin d’amener toutes choses dans la vie divine.
Tout baptisé possède le sacerdoce commun des fidèles pour s’associer au sacerdoce du prêtre et par là au sacerdoce du Christ. Tous contribuent donc à l’entrée des créatures dans la vie divine, chacun à sa place.
Cependant, une fois entré dans la vie divine, chacun se trouve en mesure d’effectuer l’acte de glorification de Dieu, c’est-à-dire d’effectuer la circulation de la vie divine du Fils vers le Père dans l’Esprit-Saint, sans avoir à passer par le sacerdoce ministériel, en allant directement au sacerdoce du Christ. Il convient donc de distinguer les deux dimensions du sacerdoce : la dimension de sanctification qui consiste à amener les créatures dans la vie divine, et la dimension de glorification. Tant que nous sommes en chemin sur cette Terre, ces deux dimensions se trouvent conjointes. Exprimer le sacerdoce commun des fidèles consiste donc à réaliser deux actes simultanés : diviniser la réalité et se laisser entraîner dans les mouvements de la vie divine. Le premier acte demande la médiation du prêtre, le deuxième non.
Au Ciel, toutes les créatures sont pleinement entrées dans la vie divine, tous les élus sont donc en mesure d’effectuer entièrement la dimension sacerdotale du Ciel. Et tous occupent à tour de rôle les diverses fonctions de la liturgie céleste sans que personne n’en soit exclue. Il y a bien des ministres, ce sont les personnes qui représentent les Anges des chœurs supérieurs ; mais il y a une rotation des fonctions pour que chacun officie successivement aux divers niveaux. La seule exception à cela est Marie et Joseph, car leur place est différente : ils nous communiquent la vie divine en toute chose et nous en éclairons leur maison. La liturgie céleste a lieu chez eux ; nos ministères sont la représentation de leur ministère universel. Le sacerdoce ministériel de la Terre reste cependant visible au Ciel, de la même manière que tout ce que nous avons vécu sur cette Terre, mais il n’influe pas sur notre positionnement dans la circulation des grâces au paradis.
Il convient donc de vivre intensément ces deux dimensions du sacerdoce commun des fidèles. Il faut s’associer d’une part au prêtre pour offrir ce monde sur la patène et dans le calice afin de le diviniser. Et d’autre part, il faut l’élever, une fois divinisé, vers le Père ; il faut élever la chair du Christ du Fils vers le Père dans l’Esprit-Saint dans un sacerdoce royal fondé sur le Christ que l’on possède chacun en propre. Il faut poser cet acte intérieurement souvent, et le faire vivre extérieurement dans l’ordinaire de nos vies.
Ceux qui voudraient nier la spécificité du sacerdoce ministériel pour donner à tout baptisé la possibilité d’officier la liturgie sacramentelle confondent en fait la logique du Ciel avec la logique de la Terre et n’ont pas compris la pédagogie de Dieu pour amener toute chose dans son Royaume. Ceux qui voudraient nier la possession par tous de la plénitude du sacerdoce du Ciel n’ont pas compris que le sacerdoce ministériel de la Terre était un service rendu à tous et non un privilège.
Ajoutons pour finir que l’ordre établi entre les hommes sur cette Terre permet à la fois de saisir ce à quoi est appelé chaque âme et ce à quoi est appelé l’humanité. En effet, chaque âme est un microcosme où se vit une imitation de la liturgie céleste et où chaque faculté, chaque vertu, prend sa place dans un mouvement de vie autour du Christ habitant dans l’âme et avec la personne comme grand-prêtre ; et cela est à l’image du mouvement de vie de l’humanité divinisée toute entière autour du Trône de l’Agneau et dont la fonction de grand-prêtre est occupée à tour de rôle par chaque âme humaine. Nos liturgie, notre organisation ecclésiale, permettent donc d’entrer dans le mystère du microcosme de chaque âme humaine, ainsi que dans le macrocosme de l’humanité Épouse du Christ.