Demande pour toi un signe

« YHWH parla encore à Achaz en disant : Demande un signe à YHWH ton Dieu, au fond, dans le shéol, ou vers les hauteurs, au-dessus.

Et Achaz dit : Je ne demanderai rien, je ne tenterai pas YHWH.

Il dit alors : Écoutez donc, maison de David ! Est-ce trop peu pour vous de lasser les hommes, que vous lassiez aussi mon Dieu ? C’est pourquoi le Seigneur lui-même donnera un signe : Voici, la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel. Il mangera du lait caillé et du miel jusqu’à ce qu’il sache rejeter le mal et choisir le bien. Car avant que l’enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, elle sera abandonnée, la terre dont les deux rois te jettent dans l’épouvante. YHWH fera venir sur toi, sur ton peuple et sur la maison de ton père des jours tels qu’il n’en est pas venu depuis la séparation d’Éphraïm et de Juda (le roi d’Assur). »

Livre d’Isaïe 7, 10-17.

Demander un signe. L’expansion de l’Église et la vie des saints sont ponctuées de signes pour mener les gens à croire. Ce n’est pas que le signe force la liberté, mais il pousse au choix. Il met en présence de Dieu et de son mystère. Et c’est à nous de savoir si nous voulons adhérer à Dieu ou le rejeter, aimer ou refuser son amour. C’est le choix fondamental de toute vie.

Nous pourrions croire que le signe devient un jour dépassé, et que nous pouvons aller vers la seule rencontre intérieure avec le Seigneur. Mais c’est oublier que la parole humaine est incapable de signifier les choses de Dieu, et ne peut donc pas nous maintenir dans une vraie rencontre avec Lui. Il faut toujours un signe qui l’accompagne, un geste. Sinon, nous réduisons le mystère à une idéologie toute humaine. Nous ne pouvons nous contenter de penser et de parler, il faut que les réalités matérielles signifient. Sinon, nous n’allons pas vraiment à Dieu. Nous trouvons cela dans la liturgie et les sacrements, et cela doit s’étendre à toute la vie. Mais il faut bien voir que nous avons besoin de signes qui dépassent les capacités humaines pour signifier en ce monde les splendeurs de Dieu et des anges. Nous avons besoin de miracles, pour que la rencontre entre Dieu et son peuple soit réelle. S’il n’y a pas de tels signes, c’est que la rencontre n’est pas réelle, ou que nous sommes dans une situation déficiente, comme l’est le défunt qui n’a plus la matière de son corps pour exprimer son âme.

Il est cependant un passage où Jésus réprimande ceux qui demandent des signes, en Matthieu 12, 39 : « Génération mauvaise et adultère ! Elle réclame un signe, et de signe, il ne lui sera donné que le signe du prophète Jonas. » Mais si on regarde avant et après ce passage, on voit Jésus qui n’arrête pas de faire des miracles. C’est justement que les scribes et les pharisiens ne veulent pas croire à ces miracles et à ce qu’ils signifient. Ils veulent un messie selon leur vue. Et Jésus leur désigne la Croix et la Résurrection. C’est là qu’il veut les mener. Et c’est par la Croix et la Résurrection qu’ils pourront vraiment entrer dans le mystère de Dieu.

Non, nous avons besoin de signes et de miracles. Tous. Sinon, l’on ne vit pas aux dimensions de Dieu. Un premier effet des signes, c’est de mener à croire : c’est le chemin que le Christ a utilisé pour mener beaucoup de monde à la foi. Mais il s’agit aussi de déployer dans les réalités du monde la vie divine qui nous est donnée. Dans le Royaume de Dieu, nous irons de signes en signes pour que ces signes soient l’occasion de toujours mieux percevoir les splendeurs de Dieu et d’en vivre.

Alors pourquoi y a­-t-il si peu de miracles dans le monde d’aujourd’hui ? Il y en a, bien sûr. Mais beaucoup ne les voient pas. Une première raison est que ceux qui auraient dû demander et accueillir ces signes n’en ont pas voulu. Ils ont préféré un christianisme dans les limites de la raison humaine. Une deuxième raison, complémentaire, c’est que nous vivons une sorte de Passion où la civilisation chrétienne meurt comme le Christ sur la Croix. C’est une grande nuit pour ce monde, comme ce mort dont nous parlions plus haut qui n’a plus son corps pour s’exprimer.

Mais un jour vient la Résurrection. Et même dès le Vendredi Saint, il y a eu des signes… Alors demandons des signes au Seigneur. Demandons-les lui. C’est ce qu’il veut. Pas seulement des signes aux dimensions humaines, mais des miracles, de vraies miracles, visibles. Pour faire sortir ce monde du matérialisme et de cette espèce d’idéalisme tout humain.

Un jour, un grand signe viendra dans le Ciel. Il jaillira de l’Eucharistie. Ce sera un éclair dans la nuit du monde qui montrera une direction, qui réveillera les personnes de leur torpeur. Cela sonnera la fin de ce monde replié dans un horizon seulement humain et qui a évacué tout mystère. Ce sera l’Esprit-Saint et les anges qui feront irruption visiblement pour manifester et installer le Règne de Dieu. Alors que tout paraissait chanceler, nous trouverons un nouveau souffle. Sur le chemin qui sera tracé, chacun pourra se prononcer pour Dieu ou contre Dieu, mais personne ne pourra plus se dire indifférent.

Ô Église de Dieu, demande pour toi un signe, là haut dans le ciel, et jusqu’au fond des abîmes. Demande-le… Ô humanité de la Terre, parle à tous ces anges qui sont tes gardiens, et avec eux demande au Seigneur un signe…

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