Résilience

Je parlais dans mon dernier article Bas les masques ! de trois années avant que nous commencions à percevoir visiblement le chancellement inéluctable de notre monde. C’est ce que je crois. C’est la destinée de notre civilisation mondialisée et interconnectée, qui a préféré l’argent et la puissance à la bonté et à la charité : s’effondrer. Il ne faut pas croire que cela se fera d’un seul coup ; cela met du temps. Bien sûr, les choses peuvent soudain s’accélérer. Et l’on peut parier que la crispation de ceux qui vivent leurs derniers moments et jouent leurs dernières cartes peut donner des systèmes très rigides et autoritaires.

C’est la fin d’un monde, mais ce n’est pas la fin du monde. Il faut donc savoir semer, et préparer la suite. Cela peut être le choix de certaines personnes, de certaines communautés, voire même de certains pays. S’extraire, et construire sur des bases plus saines. Dans cette entreprise, la notion de résilience me semble fondamentale. Il ne s’agit pas de sauver notre peau avec du matériel de survie dans un effondrement généralisé. Mais il s’agit de préparer les réalités de ce monde sur lesquelles nous avons de l’influence à franchir le cap de moments difficiles, et à leur apprendre à continuer leur route dans un monde devenu changeant, branlant et incertain.

La résilience me semble donc être l’enjeu majeur des deux prochaines décennies pour nos sociétés. C’est là le temps qui me semble être celui de l’arrivée d’un monde où il ne sera peut-être plus possible d’aller se fournir de l’autre côté de la planète, en matière première, en énergie ou en quoi que ce soit, ni de maintenir les systèmes mondialisés. C’est là le temps qui me semble être celui pour faire des choix décisifs.

Faire le choix du local, des circuits-cours, de la production à proximité, du low-tech et de ce que nous procure la nature n’apparaîtra bientôt plus comme la lubie de quelques uns, mais comme une question de survie, un choix pour la société. Avoir des champs qui respirent la vie et non les produits chimiques, et des graines qui se reproduisent facilement et non à racheter à chaque fois à des industriels sera vu comme le chemin de l’avenir. Même la force animale redeviendra à la mode : car un cheval ou un bœuf a tout ce qu’il faut dans la nature pour durer toute son existence, ce qui n’est pas le cas des machines et des robots. Réparer, bricoler, faire par soi-même, trouver à proximité, durer : voilà ce qui devrait être les orientations de tout ce que nous utilisons.

À part quelques pionniers, nous n’avons pas su faire ces choix-là pour des questions philanthropiques ou pour sauver la planète, mais nous le ferons pour sauver notre peau. Et nous découvrirons peut-être en nous une vitalité philanthropique que nous ignorions, et un amour pour dame nature qui nous était inconnu.

Un pays comme la France peut encore faire ce choix-là : non pas par lui-même, mais si Dieu se souvient de son Alliance. Avec la grâce de Dieu et avec un certain courage, il est possible de donner une direction, de nous engager résolument vers le seul choix qui puisse nous permettre d’avancer vers l’avenir : celui de la résilience, qui demande une certaine décroissance sur certains points pour que l’organisme d’ensemble s’en porte mieux. Quand l’on est diabétique, il faut savoir s’arrêter de manger du sucre.

La résilience sera la notion clef à côté de l’écologie, de l’humain et de la spiritualité. Je dis aussi de la spiritualité, car nous ne nous en sortirons pas tant que nous en resterons à un matérialisme ou à un idéalisme humain. Il nous faut l’aide des saints, des anges, de Dieu, et bien sûr du Christ pour mener à bien cette entreprise. Nous ne sommes pas seuls ! Seuls, nous sommes incapables de nous tirer du mauvais pas où nous sommes tombés. Avec la cour céleste, un chemin d’avenir est encore possible : comme celui d’une forêt qui pousse sans bruits pendant qu’un arbre vieux et mort s’écroule dans un fracas assourdissant.

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