Commentaire de Genèse 18, 1-16 : Au Chêne de Mambré
Au Chêne de Mambré a eu lieu une rencontre entre Abraham et Sarah et trois hommes de Dieu, que l’on a parfois identifiés à trois anges, et que l’on a associés à Dieu lui-même. Abraham et Sarah les invitent à venir partager un repas. Et les hôtes leur annoncent qu’ils auront un fils l’an prochain. Sarah pourtant est vieille et stérile, et cette annonce la fait rire. Pourtant, un an plus tard, naîtra Isaac. C’est la promesse de Dieu qui s’accomplit miraculeusement. Et c’est le début du peuple hébreu au sein duquel naîtra des siècles plus tard Jésus-Christ notre Seigneur.
Il nous faut revenir aujourd’hui à ce lieu de fondation, car nous sommes comme ce couple vieux et stérile. Dieu avait déposé en l’homme un appel à la fécondité. « Soyez féconds et multipliez-vous… » (Gn 1, 28). Dieu nous avait fait pour le partage et la rencontre. Dieu voulait faire de belles familles. Dieu voulait nouer une relation amoureuse avec nous. Et nous sommes en train de tout détruire.
Non pas que tout ne soit perverti en ce monde. Mais les structures de mort ont atteint une telle puissance que nous ne pourrons pas résister à leurs assauts, et nous deviendrons vieux et stériles. Nous risquons de perdre notre espérance. De fait, une bataille décisive est engagée. Le Satan et toute la puissance des démons sont à l’œuvre. Il faut en avoir conscience.
Alors, il faut revenir au Chêne de Mambré qui célèbre l’amour comme un don de Dieu, qui croit que Dieu est capable de nous rendre notre jeunesse et notre fécondité, qui s’appuie avec confiance sur les promesses de la Divine Providence. Il faut accueillir cette promesse, comme l’ont fait Abraham et Sarah. Ou comme l’ont fait Anne et Joachim, qui étaient vieux et stériles eux aussi, et à qui Dieu a promis la naissance de Jean-le-Baptiste (Luc 1, 13).
Certains croient que notre civilisation va durer, continuer dans sa lancée sa course à travers l’histoire, qu’il faut juste ajuster un peu certaines choses et aller de l’avant. D’autres pensent qu’il faut faire table rase, soit pour un nouvel ordre transhumaniste, soit pour une quelconque autre alternative, qui peut être séduisante, même pour un chrétien.
Pour notre part, nous pensons que notre civilisation va passer par la Croix. Suivant les pentes dangereuses de ses perversions, notre civilisation va vouloir détruire tout ce qui rappelle l’amour incarné. Et dans cette mise à nu, ce sera l’auto-destruction. Puis, dans l’échec, viendra le salut de Dieu qui redonnera vie à une civilisation renouvelée. Non pas par les forces humaines ou la technique, mais par la grâce du Dieu de Jésus-Christ.
Il ne s’agit donc pas pour nous de chercher à détruire ce monde qui passe, mais à bâtir le monde de demain : cela peut se faire en fuyant ce monde en déroute, ou en le corrigeant de l’intérieur. Nous avons besoin des deux. Mais le plus important, c’est qu’il y ait des gens qui s’ancrent dans un art de vivre enraciné et incarné, où des relations vivantes et non virtuelles peuvent se déployer, et qui transmettent les choses essentielles de la vie.
C’est là le programme des prochaines décennies. L’orage actuel va passer. Et d’une manière qui montrera, à tous ceux qui cherchent, le chemin que Dieu veut que nous empruntions. Nous aurons alors environ vingt ans pour nous ancrer dans l’amour incarné, pendant que le mal donnera progressivement sa pleine mesure. Et quand la rupture sera consommée, il viendra se briser sur la Croix. C’est alors que dans une effusion d’amour visible et sensible, un monde renouvelé naîtra, comme un don de Dieu. La vie s’y déploiera encore de longs siècles avec des joies et des peines jusqu’à ce que tout s’accomplisse dans le Royaume de Dieu.
C’est cela qui nous est promis. Cela va faire rire certain, comme l’annonce d’un enfant à fait rire Sarah au Chêne de Mambré.
Mais cela, Dieu le fera.
Dans notre article Corona… quoi ?, nous avons donné quatre moyens qui nous semblent particulièrement opportuns pour le temps que nous vivons, et pour avancer sur ce chemin de nous rendre notre jeunesse et notre fécondité. Nous encourageons une fois de plus à les prendre. Dans ce que nous vivons, le salut ne viendra pas par la technique, ou je ne sais quel artifice humain ou angélique, mais bien par la grâce de Dieu dans laquelle nous sommes invités à entrer grâce à de nombreux intermédiaires. Et c’est plongés dans cette grâce que Dieu agira, directement parfois, ou en usant de différents moyens d’autres fois, pour nous renouveler.
Alors, n’ayons pas peur ! Et avançons pleins d’espérance vers cette vie que Dieu a promis de nous donner en abondance !