Corona… quoi ?

Et voilà ! Encore un article sur la crise actuelle. À quoi bon finalement ajouter encore à la cacophonie ambiante et parler encore de ce sujet ? La psychose qui se généralise dans notre société devrait nous conduire à ne plus y penser et à nous intéresser à d’autres sujets pour sortir de cette crise en nous renouvelant par l’attention au mystère de la vie sous toutes ses formes. Pourtant, la question poignante de chercher le sens de tout cela nous habite et nous pousse à écrire encore là-dessus, en espérant que ce soit la dernière fois. Ce n’est pas finalement la peur, la colère ou le dépit qui nous presse en ce sens, mais l’enthousiasme pour l’œuvre que Dieu a réalisé, qu’il réalise aujourd’hui et qu’il compte réaliser demain.

Et pourquoi parler à nouveau de ce que nous disons par ailleurs de mille manières ? C’est que nous cherchons ici à aller à l’essentiel, à la fine pointe de ce qui est important pour aujourd’hui.

Alors quel est le sens de cette crise ? Vers quel avenir devons-nous porter nos pas ?

Je voudrais partager cette idée que nous sommes un peu comme les rois mages qui suivent une étoile qui doit les mener à la Crèche. Notre civilisation qui a vieilli et qui est fatiguée ne peut selon nous se renouveler qu’en entrant à nouveau dans le mystère de Noël. Bien sûr, toute grâce vient du mystère pascal. Mais le mystère de la Nativité, de cet enfant qui est Dieu et qui se rend visible entre Marie et Joseph dans une humble étable, est celui qui peut nous redonner le goût de la vie. C’est un mystère qui fait la joie des enfants, et qui unit les familles. C’est un mystère où le ciel s’ouvre et où les anges se mettent à chanter la gloire de Dieu. C’est le mystère de l’Incarnation : celui d’un Dieu qui se fait chair, celui d’un amour qui se manifeste par des gestes, des regards, des sourires, des repas, des étreintes, des présents, celui des anges qui agissent concrètement pour nous aider et nous accompagner.

C’est ce mystère de Noël qui fut, selon des traditions assez anciennes, l’objet du choix des anges qui l’ont vu par anticipation : Allaient-il servir l’Enfant-Dieu ? Allaient-il servir le mystère de Noël ? C’est ce mystère qui est sous-jacent aux combats d’aujourd’hui.

Et nous : Allons-nous servir le mystère de Noël ? Allons-nous servir le mystère de l’Incarnation ?

Voilà selon nous le choix qui s’offre aujourd’hui à nous. Dans deux mois et demi, nous serons à Noël. Comment allons-nous nous y préparer ? En nous laissant confiner sans rien dire et sans rien faire ? En laissant le culte publique rendu à Dieu être supprimé sans réagir ? L’on commence déjà à parler de telles perspectives comme étant assez probables. Alors que faire ?

Les mesures qui s’installent dans nos sociétés nous privent de ces échanges de sourires si nécessaires à la vie sociale. Elles nous privent de ces contacts physiques journaliers que suscitent une poignée de mains ou une embrassade. Elles nous privent de rencontres et de retrouvailles. Elles vont peut-être nous priver à nouveau des sacrements. Il faut s’en inquiéter. Et cela sans parler du délitement progressif depuis des décennies de ce qui fonde la famille, brisant ainsi les fondements de ce qui nous empêche d’aller vers le chaos.

Bien sûr, il ne s’agit pas de chercher l’impossible devant des enjeux qui nous dépassent, mais il s’agit de trouver et de prendre les moyens que nous donnent notre foi pour accueillir l’Enfant-Dieu comme il se doit.

Noël, c’est d’abord pour les rois mages cette étoile qui leur procure de la joie et qui les met en chemin. Le monde des étoiles pour la pensée antique est le monde des anges. Noël, c’est une fête où les anges se rendent bien visibles. Parmi tous les anges, il est un ange dont le nom veut dire « Dieu guérit ». C’est saint Raphaël. Il est selon la liturgie le médecin et le guide. Il est le remède de Dieu et le modèle de l’ange gardien. Il est plus qu’étonnant à nos yeux qu’un tel ange ait été si peu invoqué pour nous aider dans cette crise sanitaire et nous guider vers des jours meilleurs. Car telle est sa vocation et sa mission. C’est son rôle particulier au sein de toute la cour céleste.

Le premier moyen que nous voulons souligner ici est de prier saint Raphaël, pour nous conduire jusque ce Noël de la guérison et du renouvellement du monde. L’excellent livre de Marc Lorient, Saint Raphaël, Le sceau de l’ange est à conseiller pour découvrir toutes les grâces que l’on peut attendre d’un tel archange. Et au-delà de lui, c’est de tout le monde des anges dont il faut se familiariser, avec qui il faut apprendre à vivre. Nous remarquons souvent chez les chrétiens qu’il est difficile de percevoir qui est l’Esprit-Saint : c’est peut-être que le manque d’intérêt actuel pour les anges nous empêche d’entrer pleinement dans le mystère de la troisième Personne de la Trinité.

Le mystère de Noël, ce sont ensuite des choses concrètes : une étable, des langes, un allaitement, des présents. Ce sont toutes ces ingéniosités de la vie familiale pour célébrer ensemble un mystère dans des rites, des repas, des traditions, des jeux, des réalisations artistiques, des ballades et des rencontres. C’est une spiritualité qui se vit dans et par la matière. Ce n’est pas quelque chose d’éthéré et de vaseux. C’est une spiritualité incarnée.

Il est étonnant qu’à l’époque où nous avons été privés des sacrements, l’on n’ait pas mis davantage l’accent sur les sacramentaux. Ceux-ci nous permettent par des moyens concrets de puiser dans les grâces baptismales ; ils permettent de répandre les effets des sacrements dans toute notre vie. Il y a bien sûr dans nos maisons nos icônes, nos crucifix, il y a nos chapelets, nos bénédicités, nos prières. Mais à une époque où les bénitiers des églises sont vides, pourquoi ne pas avoir chacun chez soi de l’eau bénite ? Pourquoi ne pas avoir du sel exorcisé et de l’huile ? Pourquoi ne pas user de ces moyens pour vivre par ces signes sacrés de la grâce de Dieu ?

Le deuxième moyen que nous voudrions souligner ici est donc l’usage des sacramentaux que sont l’eau bénite, le sel et l’huile, pour que la spiritualité vécue dans nos maisons ne soit pas virtuels mais incarnée. Dieu a décidé de passer par ces gestes pour nous rencontrer. Il faut accueillir Dieu tel qu’il se donne à nous. Et au travers de ces gestes, c’est toute notre vie qu’il faut renouveler par une attention à poser les gestes concrets de l’amour : sourires, rencontres, etc.

Noël, c’est le mystère de l’Enfant-Dieu que l’on accueille dans nos vies, dans nos maisons, dans nos cœurs. Voici que l’Époux est là, il se tient à la porte. Il se présente à nous comme un petit enfant ; il se donne à nous dans une hostie, abandonnée comme un nourrisson. Allons-nous l’accueillir ?

C’est une grande question. La question de toute une vie. La vraie question de la vie.

C’est pourquoi le troisième moyen que nous encourageons est celui d’installer chez soi à demeure une Crèche pour signifier notre attachement à l’Incarnation, et entrer dans ce mystère qui, comme nous l’avons dit plus haut, est primordial pour qu’un nouveau souffle soit donné à notre civilisation.

Par ailleurs, nous suggérons un moyen, qui nous semble éminemment opportun, pour accueillir concrètement ce Dieu qui se fait chair, maintenir le contact avec la source sacramentelle dont l’accès semble incertain, et veiller avec le Seigneur dans un temps où il y en a grand besoin. Nous suggérons donc que les ministres de l’Église permettent à ceux qui en semblent capables d’avoir la présence réelle chez soi. De garder une Hostie à la maison. Pour accueillir l’Agneau à la maison. Pour accueillir l’Enfant-Dieu. Pour vivre le mystère de Noël. Pour arriver jusqu’à ce Noël du monde que nous appelons de nos vœux. Nous ne voyons pas cela comme un privilège accordé à quelques uns, mais comme une mission proposée à ceux qui le souhaitent et qui en sont capables, pour que les grâces de Dieu continuent à se répandre sur le monde en ce temps bien particulier. Il s’agit de veiller, de prier, d’adorer, d’intercéder, de permettre à la vie divine de se répandre.

Voilà notre quatrième moyen. Pour faciliter l’amour du Saint-Sacrement, l’amour des sacrements. Pour répandre l’amour dans le monde. Certains diront qu’aujourd’hui les églises ne sont pas fermés et que le culte est célébré. Certes, mais de grandes grâces ne manqueront pas d’être données si nous prenons ce moyen ; et nul ne sait ce qui peut arriver demain. Il faut veiller et se tenir prêts. D’autres diront que cela ne s’est jamais fait. Mais comme beaucoup le font remarquer : ce que nous vivons est inédit, nous n’avons jamais vécu cela. Alors à situation inédite, mesures inédites.

Voilà ce que nous proposons pour arriver à ce Noël du renouvellement du monde. Il faut demander à nos pasteurs de nous accompagner sur ce chemin, de nous aider à le prendre, de nous permettre de le prendre.

Bientôt nous vivrons Noël. Souhaitons que la fête soit belle. Que le chant des anges arrive à nos oreilles. Et que ce soit une nouvelle naissance pour l’Église et pour le monde.

Dieu peut nous guérir. Dieu va nous guérir. Dieu veut nous guider sur un chemin de vie. Demandons à saint Raphaël dont c’est la mission au nom de Dieu de nous mener vers cette guérison et vers la vie en plénitude. Il seconde saint Michel dans ce rôle.

Soyons ces rois mages qui s’agenouillent devant l’Enfant de Noël et lui offrent les présents de leur vie et de leur amour, de leur piété et de leur volonté.

Et comme les bergers émerveillés par ce qu’ils ont vu et entendu, soyons des amis de Jésus. Ce Jésus qui est le vrai roi, celui qui porte la vraie couronne.

C’est lui le roi de gloire, cet enfant emmailloté dans une Crèche. C’est lui qu’il faut servir.

2 commentaires sur “Corona… quoi ?

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