Drôle de journée. Aujourd’hui, en France, et dans d’autres pays, ils sont bien peu ceux qui ont pu participer à une messe. Nous sommes bien peu à avoir pu communier. Dans beaucoup d’endroits, il est encore possible d’aller se recueillir dans une église ou devant le Saint-Sacrement. Mais pour combien de temps ?
La crise du coronavirus se répand. Et l’on craint d’être bientôt confinés chez soi comme c’est le cas en Italie. En tout cas, aujourd’hui, il n’y a plus de culte publique ; et on n’est pas certains que cela soit différent à Pâques.
Certes, les prêtres continuent à dire leur messe en privé. Et il est possible de la regarder par internet ou de l’écouter à la radio. Mais allons-nous tenir ainsi ? C’est quelque chose d’assez inédit.
Certains sont assez optimistes, prévoyant des pluies de grâces qui feront que cette épreuve permettra à beaucoup de retrouver le sens de la réalité, que cela nous rapprochera de Dieu et des autres. C’est possible, mais ce n’est pas certain.
Aujourd’hui, dans la première lecture, le peuple récrimine contre Moïse, car il a soif dans ce désert où Dieu l’a conduit. Nous sommes ainsi aujourd’hui : nous avons soif de messes, et nous n’en avons pas. Et dans la lecture, Dieu fait sortir de l’eau du rocher pour que le peuple boive. Et l’on retrouve dans l’Évangile une eau vive dont il est dit que celui qui en boira n’aura plus jamais soif. Cette eau vive, c’est Jésus, c’est le Verbe Incarné, c’est Dieu lui-même. Nous avons soif de Jésus. Qui rassasiera notre soif ?
On parle à raison de la communion spirituelle que l’on peut faire partout. C’est vrai, l’on peut toujours se rendre présent à Jésus. Mais nous avons besoin de signes, concrets, matériels, charnels. Nous avons besoin de réalité. Nous avons besoin de présence réelle. Sinon, le risque est grand de s’essouffler, de se tromper de chemin, de s’effondrer. Peut-être que les prêtres et les évêques, qui peuvent célébrer la messe tous les jours et communier tous les jours, ne se rendent pas compte de ce qu’ils demandent quand ils laissent les fidèles uniquement avec la communion spirituelle alors qu’il y a encore d’autres possibilités.
Si j’étais évêque aujourd’hui en France ou ailleurs, j’autoriserai mes prêtres à donner à tous ceux qui leur semblent suffisamment dignes de confiance une Hostie pour qu’ils la gardent chez eux. Comme cela ils pourraient aller s’abreuver à la source vive de la présence eucharistique de Jésus. Devant elle, ils pourraient communier spirituellement certes, mais en le faisant devant Jésus qui est réellement présent en son Corps et en son Sang. Ils pourraient adorer leur Seigneur qui vient habiter dans leur maison.
Bientôt nous serons très probablement confinés chez nous. Et nous risquons de vivre une Pâques assez étrange. Il convient, tant que cela est encore possible, d’accueillir l’Agneau dans nos maisons et de mettre son sang sur le linteau de nos portes, comme le firent les Hébreux en Égypte pour être préservés de l’ange exterminateur. Alors, oui, si nous faisons cela, il y aura une pluie de grâces qui se répandra bien au-delà de ceux qui auront eu l’immense privilège de veiller auprès d’une Hostie. Mais si nous ne le faisons pas, si nous nous contentons d’un regard sur nos écrans espérant y discerner au-delà d’une image le Présence de notre Dieu, je me demande bien ce que pourra devenir notre monde. Alors, demandons à nos prêtres et à nos évêques, qui par ailleurs sont très dévoués, cette Présence réelle de notre Dieu pour pouvoir vivre dans la joie notre Pâques.
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