Remède pour temps de crise

Raphael - Karel_Dujardin-_Tobias_and_the_angel
Tobie et l’archange Raphaël

Se dresse à l’horizon un nuage qui semble prédire un orage. Depuis que le coronavirus est sur toutes les lèvres, hante les esprits, et fait des victimes, on ne sait plus trop où l’on va. La machine du monde est en train de s’emballer, et peut-être allons-nous avoir une crise, une vraie crise.

Crise, étymologiquement, cela veut dire passer au crible. Cela veut dire distinguer pour séparer. Cela veut dire juger et choisir. Cela peut être l’occasion d’un renouvellement. Mais pour traverser la crise sans s’y perdre, il faut être porté par un dynamisme de vie plus fort que la destruction venue de ce qui s’effondre. Or, avons-nous vraiment cette capacité à traverser une vraie crise ? Y a-t-il vraiment pour nous un avenir ?

L’on distingue parfois le futur de l’avenir. Le mot futur est le participe futur en latin du verbe être. C’est la projection dans le futur de ce que l’on est. Le futur de notre monde, c’est notre monde qui avance, qui se projette vers l’avant. L’avenir, au contraire, c’est ce qui va venir. C’est ce qui vient au-devant de nous. C’est ce qui vient d’au-delà de notre monde à notre rencontre. C’est en définitive le projet de Dieu qui s’accomplira avec l’aide des anges et des saints. Le futur, c’est notre monde avec ses capacités qui cherchent à avancer. L’avenir, c’est l’Esprit-Saint et la cour céleste qui amènent notre monde vers son accomplissement.

Il y a de quoi être pessimiste sur le futur de notre monde. Mais pour l’avenir, l’on peut sans crainte être rempli d’espérance. Le Seigneur a un projet pour notre monde.

Dans l’épidémie qui fait rage aujourd’hui, l’on pourrait se contenter d’une réponse avec les forces humaines, en espérant remporter la victoire dans le futur. Cherchant un dynamisme en nous-mêmes, l’on pourrait se battre ou se résigner. Et si l’échec vient, il n’y aura plus qu’à désespérer.

Mais l’on peut aussi élever notre regard, et voir que nous ne sommes pas seuls. Il y a le Dieu trois fois saints, et il y a une myriade d’anges. Ils agissent aussi, ils consolent, ils délivrent, ils éclairent, ils aident à discerner, à faire des choix, ils guérissent, ils protègent, ils guident. Parfois leur action se joue uniquement dans nos inconscients ou derrière le voile des choses qui semblent normales, parfois elle se fait plus visible. C’est un monde avec un dynamisme de vie sans fin et sans limite, dans lequel nous pouvons venir puiser pour toujours avancer. C’est une source intarissable quoi qu’il puisse arriver. C’est un lieu où l’on peut toujours se renouveler. Toutes ces personnes du monde spirituel ne demandent qu’à agir dans notre monde si on le leur demande. Ils attendent cela. Pourquoi resterions-nous indifférents à tous ces êtres pleins d’amour qui sont là à la porte de nos âmes ? Avons-nous le cœur aussi dur que nous ne nous adressons jamais à eux, que nous refusons de nouer des relations d’amour avec eux ?

Il y a des anges protecteurs de nos pays, de nos régions, de nos villes, de nos familles, de nos églises et de nos associations. Il y a des anges gardiens pour chaque personne. Il faut les invoquer. Il faut les prier. Ils n’attendent que cela pour agir. Ils sont remplis d’amour et de bonté. Pourquoi continuer à vivre loin d’eux ? Certains chrétiens diront que d’un point de vue théorique, le mystère des anges est très secondaire par rapport à celui de la Trinité, du Christ, de la Rédemption, ou de la Vierge Marie. Mais d’un point de vue pratique, c’est un des plus importants, du fait de leur interaction constante avec nous pour nous guider dans les mystères de Dieu, pour nous protéger, et pour nous accompagner. Il ne faut pas passer sa vie à côté de ce mystère.

Il y a aussi des démons qui sont des anges ayant choisi le mal pour vivre loin de Dieu. Eux sont toujours prêts à susciter des catastrophes, ou à rendre les catastrophes encore plus catastrophiques. Contre eux, nous ne pouvons pas lutter avec nos propres forces. Il nous faut l’aide des anges et de Dieu. Dans ce qui anime le monde aujourd’hui, les démons ne vont faire qu’amplifier les problèmes si nous ne sollicitons pas l’aide du Christ, de ses saints et de ses anges, et si nous ne venons pas aux sacrements de l’Église, en particulier à la Divine Eucharistie. C’est là notre devoir ; c’est par là que peut nous venir une vraie victoire.

La Vierge Marie, la reine des anges, est la première à laquelle il faut se confier après le Christ. Mais nous suggérons de nous adresser particulièrement à l’époque où nous sommes à l’archange saint Raphaël. Raphaël cela veut dire « Dieu guérit ». Il est le médecin et le guide. Dans le livre de Tobie dont nous conseillons la lecture, il guérit Tobit le vieux de sa cécité, et chasse le démon Asmodée pour que Tobie le jeune et Sarra puissent se marier. C’est l’un des sept principaux archanges. Il guide la cour céleste pour cette mission propre de guérir notre humanité, de l’aider à voir la lumière de Dieu et d’entrer dans le mystère de l’amour. C’est un ange approprié pour aider le corps médical, et pour mener ce monde vers la lumière. C’est par son secours que s’ouvrira le chemin du renouvellement, de la même manière qu’il a guidé le jeune Tobie.

L’hymne des Vêpres de sa fête dit ceci à ce saint patron des médecins : « Rendez la santé aux malades, dissipez la nuit des aveugles, en chassant les maux du corps, donnez la vigueur aux cœurs. » C’est ce dont nous avons besoin aujourd’hui.

Bien sûr, il y a aussi saint Michel, le prince des anges. Il est opportun de l’invoquer. On peut aussi prier saint Roch. Mais l’archange Raphaël semble vraiment avoir cette place de coordinateur des grâces dans une épreuve comme la nôtre.

Nous suggérons de le prier avec insistance en ce temps où nous sommes. Voilà par exemple une prière :

« Ô saint Raphaël, vous qui avez été désigné par la divine Providence pour guérir, soigner et éclairer. Aidez notre monde à trouver le chemin de la guérison, en particulier spirituelle, afin qu’il voie la lumière, accueille le Christ Sauveur et chemine avec son Dieu dans un amour renouvelé et une nouvelle jeunesse. Amen. »

Notre espérance, c’est que bientôt, au-delà de la nuit qui se répand, la lumière va se lever sur ce monde. Notre espérance, c’est que nous sortirons bientôt de l’indifférence aux choses de Dieu et du prochain pour entrer dans le mystère de l’amour.

Et pour reprendre la mise en scène de Paul Claudel dans L’Histoire de Tobie et Sarra :

Douleur, douleur à l’Orient. Douleur, douleur à l’Occident.

Le sacrifice est à son comble. Il est temps. Que les sept encensoirs de Dieu répandent leur parfum d’agréables odeurs.

Envoie ton ange, ô notre Dieu, qu’il décoche sa flèche de l’ouest à l’est, qu’il trace dans le Ciel son rayon ardent.

Et Dieu envoya Raphaël.

Il pourchassa la Bête Immonde, guida le jeune Tobie et donna la guérison au vieux Tobit.

C’est ce que nous souhaitons à notre monde qui a quelque peu vieilli et que la dépression guette.

Peut-être guérirons-nous, et nous dirons-nous que finalement le problème était moins grave que ce que certains avaient craint. Peut-être entrerons-nous dans une vraie crise. Peut-être Dieu donnera-t-il visiblement un salut. Dans tous les cas, Jésus est à l’œuvre, Marie est à l’œuvre, saint Joseph est à l’œuvre, saint Raphaël est à l’œuvre, saint Michel est à l’œuvre, tous les anges sont à l’œuvre, tous les saints sont à l’œuvre. L’on ne perd rien à lever nos regards vers eux. L’on ne perd rien à nous saisir de cette occasion pour entrer davantage dans une relation d’amour avec eux. Nous avons tout à y gagner. Avec eux, c’est la vie éternelle qui nous attend. Avec eux, il y a toujours de l’avenir.

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