Le Forum de Davos qui influence beaucoup les élites mondiales a choisi pour thème de ses rencontres en mai à Singapour : « la Grande Réinitialisation ». C’est aussi le titre d’un livre du fondateur de ce forum, Klaus Schwab, écrit l’année dernière à l’occasion de la crise que nous traversons. Le monde serait comme un programme informatique devenu fou dont il faudrait faire table rase pour mettre en place un nouveau logiciel plus performant. Il s’agit de passer du monde d’avant qui est en échec, au monde d’après.
Quand on connaît certains principes de la pensée hégélienne qui sous-tendent le monde moderne, cela fait peur. Tout y est vu sous forme d’opposition et de négation, et c’est en détruisant que l’on crée du neuf.
Quand on connaît les tendances de l’esprit contemporain, animé par exemple par le principe de disruption, cela fait peur. Il s’agit de sortir de tout ce qui nous limite et nous freine, pour, dans la désintégration de ce que nous avons été, faire advenir ce que nous voulons être.
De tels schémas de pensée ne mènent qu’au chaos et à la mort. Et, en l’occurrence, ils sont utilisés par ceux qui détiennent la puissance et l’argent pour des intérêts qu’il nous serait difficile de considérer pour le bien des gens.
C’est pourquoi, au lieu de la Grande Réinitialisation, nous prônons la Grande Rénovation. Notre monde est une Maison Commune à rénover. Des choses sont abîmées, des choses ont vieillies, à certains endroits elle prend l’eau. Il faut la restaurer.
On n’habite pas un logiciel. Alors que l’on habite une maison, comme on habite le monde. La métaphore du logiciel ne peut donc fonctionner quand il s’agit d’un sujet aussi délicat que de changer le monde. Alors que celle de la maison vient d’une expérience première et fondamentale qui nous parle de notre lieu de vie, comme l’est le monde.
Selon l’Évangile, le plus grand des commandements, celui qui résume tous les autres, c’est celui de la charité : aimer Dieu et aimer son prochain, de l’amour même de Dieu (Mt 22, 37-40). Mais comme on aime à le dire : l’amour se fait dans la vérité. Il faut aimer en vérité. L’erreur produit le désordre et le malheur… La vérité permet à la vie de s’épanouir. Elle permet à des amis et à des amants de cheminer ensemble dans une union de cœur. La vérité se reconnaît progressivement dans la conscience qui juge de chaque chose, et permet de choisir le vrai bien. C’est un chemin que l’on emprunte durant toute sa vie : il est fait d’erreurs et de réussites, de déceptions et de grandes joies.
Au sujet de la vérité, Jean-Paul II nous a rappelé dans Veritatis splendor qu’il y a deux impératifs moraux fondamentaux : celui de chercher la vérité, et celui de la choisir une fois trouvée. Ces deux impératifs vont ensembles. Ils fondent la liberté de conscience. Nul ne doit être embêté dans ses choix de conscience, s’il garde vif son désir de quête de la vérité. Mais on ne peut invoquer la liberté de conscience si l’on ne cherche plus la vérité, si l’on se façonne une vérité selon ses envies. C’est là qu’il faut remarquer que notre conscience n’est pas un absolu auto-référencé : elle doit être en relation avec Dieu, avec la Vérité, avec le Bien. Et dans cette relation, elle doit chercher à s’ajuster pour correspondre de plus en plus à ce Vrai Bien qui la dépasse. Et le Vrai Bien est Beau et Bon : il nous fait entrer dans un dynamisme de vie réjouissant.
Dans l’Évangile, le discours de Jésus sur le Pain de Vie, que l’on trouve par exemple au chapitre 6 de saint Jean, a été la cause d’une forte incompréhension de la part de beaucoup de disciples, et du départ d’un grand nombre.
« Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais. Et le pain que moi, je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde. » (Jn 6, 51)
« En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. » (Jn 6, 53-56).
On aura beau dire que, dans la crise actuelle, nous pouvons nous passer de l’Eucharistie et de la Communion, que l’on peut vivre de la charité chrétienne et d’autres formes de prières, plus spirituelles, il n’en reste pas moins que ce n’est pas l’Évangile. « Faites cela en mémoire de moi. » (Luc 22, 19). Dieu veut que son salut passe par la Communion, Dieu veut que son salut passe par l’Eucharistie, où l’on est vraiment en présence du mystère pascal. Nous avons détaillé par ailleurs en quoi tout cela était lié au mystère de l’Incarnation, qui est central, et qui est ce que le démon cherche avant tout à détruire.
Alors que se dessine l’éventualité de ne pas avoir de messes publiques dans les prochains mois, nous ne pouvons que reprendre le cri de nombreux martyrs pour leur foi : Non possumus !Nous ne pouvons pas ! Nous ne pouvons pas vivre sans le sacrement de l’Eucharistie. Il y a eu parfois des exceptions à cela. Mais nous ne pouvons pas priver tout un peuple de la messe et de la communion.
L’atteinte à la liberté de pratiquer librement sa religion a toujours été dans l’histoire le signe clair de la mise en place d’une dictature. Il s’agit pour nous d’une dictature sanitaire, dont la mise en place est certes progressive, mais réelle. Elle se cache derrière le faux semblant de la protection des plus faibles. Mais au nom de cela, nous sommes en train de commettre des maux immenses : déstructuration de l’économie, déstabilisation de la vie sociale, traumatisme psychologique, repli sur soi, dépression, agressivité, etc. La liste serait longue. Combien sont morts durant les derniers mois, et mourront dans les prochaines années, de tout autre chose que du coronavirus, mais d’un tout autre chose qui provient directement de nos mesures sanitaires ? Le plus meurtrier dans l’histoire n’est pas le coronavirus, mais la folie et la psychose de la réaction des hommes devant ce petit virus.
C’est pourquoi nous sommes pour notre part favorable à ce que soit inscrit dans la constitution le droit à l’objection de conscience devant toute mesure sanitaire. Nous ne croyons pas que l’État doit avoir le droit absolu de dicter notre conduite en ce qui concerne la santé. Il est temps que nous nous réveillons pour réclament ce droit. Sinon, nous finirons bel et bien en dictature. Nous sommes pour la liberté. Et la liberté de chacun de trouver la meilleure conduite dans sa propre situation quand la santé est en jeu. Bien sûr, l’État peut donner des préconisations, mais il ne peut imposer à tous des comportements comme il le fait maintenant. Ou alors c’est que l’on a absolutisé l’État. Certains pourraient dire que demander ainsi l’objection de conscience pour la santé est dérisoire, ou que des maladies plus dangereuses que le coronavirus légitiment le droit de l’État à nous imposer des mesures sanitaires. Mais ce serait vivre dans l’illusion sur la bonté de l’État moderne, et ne pas prendre la mesure des enjeux actuels où réclamer un régime de liberté en la matière va devenir plus que nécessaire.
Nous sommes aussi pour l’arrêt au plus tôt de ce confinement que nous jugeons délétère : pour les familles, pour la société, pour tous. Bien sûr, les centres de réanimation risquent d’être débordés, mais il vaut mieux cela que la déstructuration de toute la société. En politique, il ne s’agit pas de servir la santé de quelques uns, mais le bien commun. C’est là la vraie philanthropie, la vraie civilité, le vrai esprit civique. Si ce confinement continue, il n’y a plus qu’une chose qui nous sauvera : c’est la charité. La charité concrète envers Dieu et envers son prochain. Il faut s’engager pour cela, quitte à jeûner quelque peu de certaines de nos activités de ce monde qui ne veut pas glorifier Dieu (travail, télé, etc.). Quitte à oser franchir certaines barrières pour rencontrer l’autre concrètement.
D’ici peu de temps, le conseil d’État va se prononcer sur la possibilité ou non de retourner à la messe librement. Qu’allons-nous faire s’il nous refuse ce droit ? Pour ma part, je suis entre autre pour une résistance eucharistique qui consiste à apporter au plus grand nombre la communion par tous nos déplacements autorisés. Le virus circule. Eh bien, faisons circuler Jésus-Hostie ! Les gestes de l’amour se trouvent restreints. Eh bien, usons du sacrement de la Communion ! Communier, c’est déjà quelque chose du sacrement de l’Eucharistie : l’Hostie est la res et sacramentum comme l’on dit en théologie. C’est la présence réelle de Jésus. C’est Jésus qui se donne à nous avec certitude. Il faut l’apporter à tous, et pas seulement aux malades, car nous avons tous besoin de sacrements pour être fidèles à notre vocation chrétienne. Nos prêtres seront bien insuffisants pour une telle tâche. C’est pourquoi nous pensons que les laïcs doivent être grandement mis à contribution pour cela. Il faut se proposer pour cela, et convaincre nos prêtres que c’est là une chose essentielle à faire. On ne peut priver les fidèles plus longtemps de la source sacramentelle. Toute mission de l’Église prend sa source dans l’Eucharistie. Si Jésus, par l’Hostie, par le Pain de Vie, visite son peuple, alors il y a fort à parier qu’il nous renouvellera et nous mènera vers des jours meilleurs.
Si, ô joie, le conseil d’État nous autorise à célébrer le culte divin, nous pensons que notre idée reste valable pour tous ceux qui risquent de se retrouver sur le bord de la route en n’osant pas aller à l’église durant ce confinement : il faudra leur porter Jésus-Hostie, il faudra leur porter le Pain de Vie. Et, à nouveau pour cela, les prêtres ne suffiront pas à la tâche. Il faudra mettre à contribution les laïcs.
Le temps que nous vivons, nous l’avons dit par ailleurs, doit être vécu comme une préparation à Noël, à la fête de l’Incarnation. Il nous faut prendre le chemin de l’Incarnation, et non de la virtualisation. Celui de l’amour dans des gestes concrets, et non du repli derrière des barrières infranchissables.
Bon chemin vers Noël !
Addendum (5/12/20) :
Il est sorti dans les grands médias que le confinement et les couvre-feux étaient inutiles (cf vidéo de LCI ci-dessous), et que l’État était en mesure de savoir que l’épidémie était en décrue avant même le début du confinement, et ce par les prélèvements dans les égouts. Et ils n’en ont fait qu’à leur tête… Cela rend d’autant plus actuel nos propos ci-dessus.
On connaît la chanson de Gilbert Bécaud : « Et maintenant que vais-je faire de tout ce temps que sera ma vie ? … Et maintenant que vais-je faire ? Vers quel néant glissera ma vie… Et maintenant que vais-je faire ? Je vais en rire pour ne plus pleurer. » C’est le cri d’un homme à qui l’amour a été retiré.
Et maintenant qu’allons-nous faire ? Maintenant que nous avons été bien habitués à nous protéger des relations sociales, maintenant que nous avons pris le pli d’une culture de l’indifférence au nom de la sacro-sainte santé. Maintenant que nous nous sommes aussi bien habitués à la délation sous prétexte de santé publique, ce qui ne peut que finir d’achever l’amitié politique, et donc l’unité de notre pays. Tant d’amour n’a pas été donné, tant de choses de la vie n’ont pas été célébrées, pour obéir à cette injonction d’arrêter un virus contre lequel on ne peut rien. Comme le disent nos grands-pères : il y a eu des maladies qui ont fait dix fois plus de morts, et l’on n’en a pas fait tout un foin ; aujourd’hui, pour dix fois moins de morts, on arrête de vivre, on euthanasie nos sociétés.
Dans le film le docteur Knock, on voit un médecin qui arrive à mettre une bonne partie de la population de son canton au lit en les faisant entrer dans des logiques médicales. Et à la fin, on voit l’ancien médecin en visite commencer à protester contre ces pratiques. Puis, il finit lui-même par être mis au lit par le docteur très habile pour conduire les gens à se prendre pour des malades. C’est un film à voir. Nous sommes tous comme l’ancien médecin : nous aurons beau protester contre ces mesures sanitaires, nous finirons tous par nous faire avoir et nous laisser influencer.
Je parlais dans mon dernier article Bas les masques !de trois années avant que nous commencions à percevoir visiblement le chancellement inéluctable de notre monde. C’est ce que je crois. C’est la destinée de notre civilisation mondialisée et interconnectée, qui a préféré l’argent et la puissance à la bonté et à la charité : s’effondrer. Il ne faut pas croire que cela se fera d’un seul coup ; cela met du temps. Bien sûr, les choses peuvent soudain s’accélérer. Et l’on peut parier que la crispation de ceux qui vivent leurs derniers moments et jouent leurs dernières cartes peut donner des systèmes très rigides et autoritaires.
C’est la fin d’un monde, mais ce n’est pas la fin du monde. Il faut donc savoir semer, et préparer la suite. Cela peut être le choix de certaines personnes, de certaines communautés, voire même de certains pays. S’extraire, et construire sur des bases plus saines. Dans cette entreprise, la notion de résilience me semble fondamentale. Il ne s’agit pas de sauver notre peau avec du matériel de survie dans un effondrement généralisé. Mais il s’agit de préparer les réalités de ce monde sur lesquelles nous avons de l’influence à franchir le cap de moments difficiles, et à leur apprendre à continuer leur route dans un monde devenu changeant, branlant et incertain.
Quand le coronavirus est arrivé, et que l’on nous a confinés, je disais que ce virus ne ferait pas tellement plus de morts qu’une grippe. Et l’on se moquait de moi en disant qu’il fallait se protéger d’un virus qui était très mortel. Et au final, il n’y a pas eu plus de morts que pour une bonne grippe. Certes, on dira que c’est parce que nous avons pris des mesures drastiques. Mais, il me semble quand même que nous avions une bonne marge de manœuvre pour en faire un peu moins, et ne pas sacrifier tant de choses nécessaires à la vie à l’idole de la santé : visiter les mourants, pratiquer le culte, réconforter les désespérés, célébrer l’amitié, etc. D’autant que l’âge médian des victimes du virus est en France de 84 ans, ce qui reste quand même un âge respectable pour mourir.
J’étais pour ma part dès le départ pour le principe de précaution : celui de ne pas prendre le risque d’encourir les conséquences néfastes d’un confinement strict en terme social, économique et psychologique. Et ensuite, avancer à vue pour ajuster. On n’arrête pas un pays sans conséquences désastreuses. Mais ce ne fut pas le choix de nos gouvernants. Et l’on commence à s’en mordre les doigts, à se rendre compte de l’erreur, à voir qu’il va être difficile d’affronter les crises que l’on a provoquées. On gonfle les chiffres, on les interprète d’une manière biaisée pour que le ridicule de la situation ne se fasse pas sentir.
Aujourd’hui, le virus fait moins de 10 morts par jour en France. Alors qu’il y a près de 600 000 morts chaque année dans notre pays toute cause de mortalité confondue, soit plus de 1 600 par jour.
Cet été, jouant dans l’océan avec ma nièce, nous avons imaginé être trois mille ans dans le futur, discutant de l’histoire de monde. Nous avons retracé les grandes découvertes, les colonisations dans l’espace, les fêtes internationales, les guerres, les crises écologiques, l’ignorance que beaucoup avaient autrefois de l’existence des anges. Nous en sommes venus au régime politique actuel inventé vers l’an 2537 : le système holacratique. Et nous avons bien ri devant la naïveté de nos ancêtres qui vivaient en démocratie et se croyaient dans un système politique évolué où ils pensaient être libres, alors que le pouvoir leur était grandement accaparé. Enfin, heureusement, aujourd’hui, nous sommes en holacratie !
J’avais récupéré pour l’occasion le terme d’holacratie à un système de management d’entreprise qui avait attiré mon attention ces derniers temps. Le jeu terminé, mon ange gardien m’a donné l’intuition que ce n’était peut-être pas si idiot que cela de se servir des intuitions holacratiques pour dresser les grandes lignes d’un système politique, en y adjoignant les quelques autres réflexions et intuitions qui m’avaient habité jusque là.
L’Église, dans sa sagesse, a toujours condamné au cours de son histoire le fait de faire de l’argent avec de l’argent. Tout bénéfice doit venir d’un travail. L’argent, lui, ne fait pas de petits. Car il est au service des échanges réels et ne doit pas les remplacer.
Le cas concret sur lequel les penseurs chrétiens ont réfléchi est celui de l’usure. On voit cela par exemple dans la somme théologique de saint Thomas d’Aquin. L’usure consiste à prêter de l’argent et à demander un intérêt pour l’usage de cet argent, d’où le nom d’usure. Or, pour l’argent, à la différence par exemple d’une maison, son usage nous en fait perdre la propriété. C’est aussi le cas de la nourriture qui disparaît quand elle est consommée. On ne peut donc pour l’argent, comme pour la nourriture, faire payer l’usage de celui-ci, en plus de demander à être remboursé, car l’on mettrait alors un prix sur quelque chose qui n’existe pas.
La tentation de l’homme en politique, c’est de faire un empire. C’est de résumer en un seul pouvoir, tous les pouvoirs de la Terre, comme la tour de Babel. C’est une tentation démoniaque qui, si un jour elle était réalisée, ne pourrait pas tenir. Elle s’effondrerait très vite.
Nous avons déjà dit dans notre article Vers la civilisation de l’amour qu’en politique, le pouvoir vient du peuple de par la nature de l’homme. Les représentants ne peuvent donc pas l’usurper au-delà de ce qui remonte jusqu’à eux par subsidiarité. Ces représentants, élus par les modalité propres à chaque culture, tiennent quant à eux leur légitimité de Dieu par voie descendante dans l’ordre hiérarchique. C’est une légitimité contingente et qui est très liée au respect de la loi naturelle.
Nos républiques et démocraties savent se doter de lois civiles pour régler les affaires d’un pays. Lire la suite « Empire »→
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