Alors que le désarroi se fait de plus en plus sentir devant la situation actuelle où les mesures sanitaires prises sont encore pires que le mal contre lequel on prétend lutter, et où le monde semble aller vers le chaos… Alors que l’on ne sait plus trop quoi attendre de bon de la part de ceux qui nous gouvernent… Alors que l’on peut être tenté de chercher diverses voies pour réagir et montrer notre mécontentement… Il est bon de relire ce passage où Thérèse de Lisieux nous dévoile sa vocation :
« La Charité me donna la clef de ma vocation. Je compris que si l’Église avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l’Église avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant d’amour. Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Église, que si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang… Je compris que l’amour renfermait toutes les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux… en un mot, qu’il est éternel !…
Alors dans l’excès de ma joie délirante, je me suis écriée : O Jésus, mon Amour… ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’amour…
Oui j’ai trouvé ma place dans l’Église et cette place, ô mon Dieu, c’est vous qui me l’avez donnée… dans le Cœur de l’Église, ma Mère, je serai l’Amour… ainsi je serai tout… ainsi mon rêve sera réalisé !!!… »
La Charité est tout… Seul l’Amour peut sauver le monde… Si l’amour venait à s’éteindre, alors le monde sombrerait dans l’horreur. Si l’amour est ardent, alors le monde prendra des chemins de vie.
Dieu a besoin d’âmes contemplatives, d’âmes qui prennent le chemin de l’intériorité, d’âmes qui se livrent à l’amour. Il en a besoin pour que des gens osent avec enthousiasme des projets pour changer le monde. Il en a besoin pour que des missionnaires osent rendre témoignage avec ardeur. Il en a besoin pour que des personnes osent exercer la grande charité qui consiste à s’engager pour le bien de la cité, en politique et dans les milieux associatifs.
Il en a besoin pour que l’espérance ne s’éteigne pas. Il en a besoin pour briser les logiques de morts qui exercent leur pouvoir ici-bas. Il en a besoin pour agir et faire des miracles.
C’est cela le plus grand service que l’on puisse rendre : vivre d’amour à l’exemple de Thérèse de Lisieux. Et le reste suivra. Et le reste se fera. Par nous, ou par quelqu’un d’autre.
Il faut découvrir le Visage d’Amour du Père de Miséricorde qui seul est capable de nous combler le cœur pour toujours. Abba ! Père ! Papa ! Le Père cherche des adorateurs ! Il faut aller à la source de l’Amour.
À ce sujet, nous voudrions faire une remarque sur ce que l’on appelle l’analogie psychologique qui occupe une grande place en théologie pour entrer dans le mystère de la Trinité. Celle-ci consiste à prendre l’image d’une personne avec son intelligence et sa volonté, avec sa capacité à saisir la vérité et à choisir d’aimer, pour associer la Personne du Fils à l’intelligence et à la vérité, et celle de l’Esprit-Saint à la volonté et à l’amour. Cette approche est riche, mais elle est déficiente, car elle ne met pas le Fils et l’Esprit-Saint au même niveau que le Père, et risque de nous conduire d’abord vers les Idées avant de nous mener à l’Amour.
Or, comme nous le disions dans notre article Connaissance et Intelligence, il convient de considérer également la faculté de connaissance qui permet l’union dans la vie avec les êtres. Ainsi, dans la métaphore psychologique revisitée, il convient d’associer le Père à la connaissance qui est capacité à s’unir à l’Être, à la Vie. Ainsi, dès l’origine, il y a une certaine union, une certaine communion, dans laquelle je peux entrer davantage dans le mystère et grandir dans l’amour. L’amour est au début et au terme. L’amour est tout.
La communion est à l’origine. Et la communion est au terme. Le Père, source de tout, est source d’unité. Et l’Esprit-Saint achève tout dans la communion.
L’amour, c’est non seulement choisir le bien de l’autre, mais c’est aussi être uni à l’autre, être en communion avec l’autre.
Si je veux aimer l’autre, si je veux évangéliser l’autre, il me faut le connaître, il me faut vivre quelque chose avec lui, il me faut être uni à lui. Je prends alors un risque… Mais c’est le chemin de l’amour.
La vérité ne s’assène pas de loin… Elle s’offre dans une amitié. Hors de l’amitié, je peux chercher à me défendre du mal que peut me vouloir l’autre, mais je ne pourrais pas changer le cœur de l’autre.
Il faut que la Bonté du Père se reflète sur nos visages et dans nos vies. C’est cette Bonté que le Fils nous a manifestée en plénitude. Et il a répandu sur nous l’Esprit-Saint pour nous la donner, pour nous unir au Père, pour nous mener vers le Père.
Connaissance, Intelligence et Volonté.
Être, Idée et Amour.
Vie, Vérité et Chemin.
Union, Contemplation et Communion.
Ce sont des mystères que portent chaque personne. Et ils nous permettent d’avoir une certaine intelligence de la différence entre les Personne divines, même si chacune a la plénitude de toutes les facultés.
Il faut découvrir le mystère de l’Amour et en vivre… En vivre. Et en témoigner, concrètement.
Certains s’imaginent que plus l’on grandit en perfection spirituelle, plus l’on peut se passer de signes extérieurs. Et la plus grande perfection consisterait finalement à vivre en se passant de tout signe, trouvant dans une prière intérieure et perpétuelle une constante union à Dieu.
Ce n’est pas notre avis. Certes, il est un temps sur le chemin de la vie intérieure où pour atteindre Dieu au-delà des signes qui nous ont parlé de Lui, il faut savoir se déprendre quelque peu de ces signes pour s’attacher à Dieu Lui-même, et goûter directement à la source de la vie et de l’amour. Mais la plus grande perfection consiste ensuite à user des signes tout en restant pleinement unis à la source, pour que tout, en nous et dans le monde, se déploie à la gloire de la Trinité. C’est le Cosmos tout entier qui est appelé à être resplendissant du monde spirituel, à parler de lui, à le signifier. Vouloir se passer de signes vers les réalités spirituelles, c’est comme être morts, privés de corps et de matière. C’est empêcher la source de vie et d’amour d’atteindre tous les hommes de notre temps au travers de ces signes.
Ces signes, les hommes et les femmes en donnent. Les anges en donnent. Et Dieu lui-même en donnent.
Alors, notre souhait aujourd’hui, c’est que Dieu considère les hommes et les femmes qui se sont livrés à l’amour, qui se sont unis à la source de vie, et qu’il fassent qu’une multitude de signes se répandent sur le monde, comme témoins des torrents de grâces qu’Il a décidé de déverser, afin de nous mener vers la contemplation du Visage de Bonté du Père de Miséricorde qui s’est manifesté en Jésus-Christ, et afin de renouveler le monde.
Thérèse de Lisieux disait : « Après ma mort, je ferai tomber une pluie de roses. »
Notre souhait, c’est qu’une multitude d’hommes et de femmes deviennent des signes vivants vers le Dieu Très-Haut, vers le Dieu d’Amour, vers Adonaï. Que cette multitude d’hommes et de femmes soient la pluie de roses que nous a promis Thérèse. Car la plus grande des vocations, c’est non seulement l’amour, mais c’est d’être un signe vers l’Amour, un signe vers YHWH.
Car non seulement Jésus a un Cœur, mais ce Cœur a été transpercé, et il en a jailli du sang et de l’eau. Le membre le plus noble de l’Église, c’est le cœur transpercé : c’est l’Amour qui fait irruption dans les réalités humaines.