Connaissance et intelligence

contemplation

Connaître, cela veut dire naître avec, entrer dans une vie commune avec un autre. Dans le contexte biblique, cela était aussi utilisé pour l’union physique des époux. Il s’agit de s’unir dans la vie. Par la connaissance spirituelle, on touche l’être, on goûte la vie et on sent le don qui se déploie. La connaissance permet ainsi une certaine sensation, une certaine appréhension de la chose connue. Cela procure de la plénitude, de la paix et de la joie, s’il s’agit d’un bien. Et au contraire, s’il s’agit d’un mal, j’y trouve déréliction, angoisse et tristesse. Il s’agit là de sensations spirituelles, conscientes ou inconscientes, qui sont normalement faite pour aller de pair avec les sensations matérielles dans un même mouvement, mais qui, dans la condition présente de l’homme blessé, peuvent parfois être dans une certaine mesure opposées.

Cette faculté de connaissance a malheureusement trop souvent été un peu oubliée au profit de la faculté d’intelligence qui permet de saisir les essences, c’est-à-dire ce que sont les choses. Par l’intelligence, j’entends les essences en tant qu’elles orientent l’existence ; et je les vois en tant qu’elles caractérisent l’être.

Il y a une analogie fondamentale entre nos sens internes et les facultés spirituelles : entre le sens commun et la connaissance, entre l’imagination et l’intelligence, entre la mémoire sensible et la mémoire spirituelle, entre la cogitative et la volonté. Et il y a aussi une analogie entre les cinq sens externes du sensible et la sensation spirituelle. J’ai un toucher de l’être qui me procure de la plénitude. J’ai un goût de la vie qui me procure de la paix. J’ai un odorat du don qui me procure de la joie. J’ai une ouïe de l’essence en tant qu’elle oriente l’existence : c’est un chant qui s’élève de ce qui existe. J’ai une vue de l’essence en tant qu’elle caractérise l’être : c’est une vision de ce qui est.

Remarquons que la paix est liée à la vie. De fait, ce n’est pas le vide et l’absence de problèmes qui me procurent la vraie paix, mais c’est d’être entré dans le mouvement d’une vie qui se déploie vers son accomplissement. Je goûte la paix, quand je sens que ma vie suit un cours qui la mènera vers son terme. Ce terme ne peut être au final que Dieu. Seul Dieu peut me donner la paix d’une vie qui se déploie pour toujours dans la joyeuse plénitude d’une existence faite de don.

Le toucher de l’être, le goût de la vie et l’odorat du don, que me procurent la connaissance, forment ce que l’on appelle la sensation spirituelle. L’ouïe et la vue de l’essence, par l’intelligence, forment ce que l’on appelle la vision spirituelle. La sensation spirituelle nous apporte la certitude que la chose connue existe et est telle que la vision la perçoit. Elle permet donc d’entrer dans la sagesse du réel, de percevoir les choses dans ce que l’on appelle parfois l’intuition.

Pour les choses du monde sensible, sensation et vision vont de pair. Mais, pour les choses du monde des anges et de Dieu, j’ai par nature ou par grâce la sensation de ce monde, consciemment ou tout au moins dans mon inconscient. Mais par contre, je n’en ai pas la vision ; cela se fait dans la nuit. Et j’use des essences du monde sensible pour avoir une compréhension analogique de ce monde. Sensation de ce monde des purs esprits et usage de la vision du monde sensible me permettent d’entrer dans l’intelligence de ce monde d’en-haut. Je connais ce monde, j’y suis uni dans la vie, j’en acquière par là une certaine sagesse, mais je ne le vois pas encore dans la pleine lumière. Mon intelligence trouve une intelligibilité d’existence des choses de ce monde par la sensation ; mais elle n’en a pas une intelligibilité d’essence accomplie, elle doit trouver une intelligibilité d’essence par analogie grâce aux choses du monde d’en-bas.

Mes facultés naturelles ont la capacité de connaître Dieu en tant qu’existant et créateur, en tant qu’amour et provident. Mais elles n’en ont pas la vision, elles n’ont pas l’idée de tout cela. Par la perception spirituelle de la vie de Dieu qui nous est toujours présente, elles en ont une sagesse dans la nuit, qui, usant des concepts forgés dans le monde sensible, arrive à poser ces perfections de Dieu comme existant, mais avec une compréhension analogique. Dans le monde d’aujourd’hui, cette intelligibilité de Dieu est souvent empêchée, car de nombreux mécanismes refoulent dans l’inconscient la sensation de Dieu, ce qui empêche la sagesse divine de s’exprimer et de poser pleinement l’acte d’analogie qui permet d’entrer dans la perception consciente de l’existence du Dieu d’Amour. Mais il reste cependant très généralement l’intuition d’un flot de vie ; c’est une vie qui vient bien de Dieu, et qu’il convient de soigner et d’aider à son bon déploiement ; il convient d’aider les gens à s’unir à ce flot de vie pour leur permettre d’en saisir un jour la source divine et pour contribuer à les mener à son achèvement qui est aussi Dieu lui-même.

Ajoutons que, par la grâce, ce sont les profondeurs de la vie divine que je peux connaître, avec laquelle je peux m’unir, et goûter par là les multiples facettes de son amour. J’entre alors dans une intelligibilité plus grande de ce Dieu qui a fait le choix de se révéler. C’est l’intervention de Dieu, en moi et dans ce monde, qui me permet d’aller dans une Présence et une Lumière d’Amour et de Vie pleine de Couleurs et de Beautés. C’est Jésus, qui est le grand Dieu venant comme un enfant au cœur de ce monde, qui me permet d’entrer dans cette vie immense et infinie. Cela se fait sur Terre dans la nuit, dans cette obscurité trans-lumineuse qui est connaissance et sensation d’une réalité que notre intelligence ne perçoit qu’analogiquement. Mais au Ciel, par la grâce de Dieu, nous serons aussi dans la vision ! Nous verrons l’essence divine, ce qui ne fera qu’augmenter la sensation délicieuse et incommensurable de l’union à la vie divine. Nos yeux s’ouvriront à cette réalité qui est déjà présente, et que l’on peut connaître, mais pour le moment dans la nuit.

« La vie éternelle, c’est qu’il te connaisse, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » (Jn 17, 3). Dieu veut nous faire entrer dans sa vie, il veut nous faire goûter son amour, il veut nous dévoiler les mystères de son Cœur. Alors tournons-nous vers Lui, en Jésus-Christ, par Jésus-Christ, et accueillons-Le comme l’Époux bien-aimé.

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