La triade de la Révélation

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La Révélation a longtemps été vue par certains comme un ensemble de doctrines énoncé par Dieu, un enseignement qui venait toucher nos esprits. Le concile Vatican II dans Dei Verbum a proclamé avec force que la Révélation est plus que cela : elle est faite d’évènements et de parole, de vie et de vérité. Dieu vient nous donner la vie ; il vient réaliser ce qu’il dit. On pourrait s’arrêter là, et contempler la vie que Dieu vient déposer en nous, tout en se reposant dans sa vérité. Pourtant, le Christ a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » (Jn 14,6). Il n’a pas dit simplement : « Je suis la vérité et la vie. ». Celui qui est la Révélation, bien qu’il soit plus que la Révélation, a dit qu’il était le chemin. Par ailleurs, la Révélation nous dit par Jésus, par le Précurseur et par tous les prophètes : « Convertissez-vous ! » (Mt 3,2 ; Lc 3,3 ; Mt 4,17 ; Ac 3,19 ; etc.). Elle ne nous dit pas simplement de vivre de la vie de Dieu et d’adhérer à sa parole, mais elle nous dit de nous mettre en chemin, de tourner nos cœurs vers le Seigneur. Elle nous appelle à avancer vers l’au-delà. Et juste après avoir dit qu’il était le chemin, Jésus nous dit « Nul ne va au Père que par moi. » (Jn 14,6). Nous sommes appelés à aller vers le Père, à aller vers la cité sainte, la Jérusalem céleste. C’est là notre vocation. Le Christ nous appelle aussi à nous aimer les uns les autres (Jn 13,34). La Révélation nous appelle au service du prochain.

La Révélation est donc une triade : évènements, parole et vocation. Vie, vérité et chemin. La vie de Dieu nous met en chemin vers le terme où nous contemplerons toute la vérité de Dieu. La vérité de Dieu nous donne la vie et nous conduit sur le chemin d’éternité. Le chemin de Dieu est un chemin de vie et de vérité. Le Verbe a pris chair pour nous conduire vers le Ciel. La Parole de Dieu nous pousse à accomplir notre Pâques et à entrer dans la grande aventure de Dieu qui n’aura pas de fin. Nous sommes appelés à l’éternité. Nous sommes appelés à la vie divine. Nous sommes appelés à vivre de Dieu. Nous sommes appelés à contempler sa gloire. C’est là notre vocation. Telle est la Révélation. Quand on est confronté à elle, on ne peut plus rester statique, on ne peut plus se contenter de peu, on ne peut plus en rester à nos petits horizons. Elle nous pousse de l’avant, elle nous fait sortir de nos conforts, de nos paresses, de nos péchés et de nos enfermements. Elle nous appelle à entrer dans la vie de Dieu en écoutant sa Parole. Elle nous entraîne au service de nos frères jusque dans des détails très concrets et à bâtir le règne d’amour de Dieu dans toutes les dimensions de ce monde. Elle nous entraîne vers le Royaume en nous demandant de le bâtir en ce monde, dès ce monde.

Chaque Personne divine a une affinité particulière avec une des composantes de cette triade. Le Père se trouve davantage lié à la vocation : c’est lui qui nous appelle, c’est lui qui est notre horizon ultime. Nous allons à la maison du Père. Le Fils se trouve davantage lié à la parole : il est le Verbe qui se fait chair. C’est Lui qui nous est apparu. L’Esprit-Saint se trouve davantage lié à l’évènement : il est celui qui donne la vie. Nous le recevons à la Pentecôte et il transforme nos cœurs et le monde.

Oublier la dimension de vocation de la Révélation, c’est oublier le Père qui nous attend, qui nous appelle. C’est oublier l’horizon de l’au-delà. C’est oublier que l’on a encore beaucoup de choses à apprendre de Dieu, beaucoup de choses à découvrir. C’est oublier que la Révélation nous invite à expliciter davantage le mystère que Dieu nous a dit en Jésus-Christ, qu’il y a encore beaucoup de choses qui n’ont pas été dites sur la Révélation, même si elles sont contenues implicitement en elle. C’est oublier qu’il y a un monde à transformer, qu’il y a une vie à recevoir et à donner, que l’on ne peut se contenter de notre petit ego. C’est oublier que l’on doit trouver le chemin qui nous mène vers l’amour et le service de nos frères. C’est oublier qu’il y a un amour qui nous précède et qui nous attend, qui nous guide et nous conduit. C’est oublier que la Révélation est une rencontre amoureuse avec notre Dieu.

Jn 15,14-17 : « Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. »

Dieu nous a manifesté son projet bienveillant et il le réalise à travers l’histoire. Il dit, il fait et il conduit. La Révélation a par là un caractère sacramentel : au cours d’une histoire éclairée par des paroles, Dieu nous guide vers le salut. Tout sacrement est un appel ; il nous situe dans une vocation, dans une mission pour ce monde, pour que l’œuvre de Dieu se réalise. C’est le Bon Berger qui s’occupe de ses brebis, qui les appelle par leur nom, qui les guérit et les établit comme apôtres de son amour.

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