« Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. » Jn 15,4
« Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et je demeure en lui. » Jn 6,56
« En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. » Jn 14,20
« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous. » Jn 14,16-17
Nous sommes en Dieu : nous avons été créés en Lui. Autres que Dieu, nous sommes pourtant en Lui, dans son amour. C’est un mystère très grand qui se fonde sur une autre altérité, plus primordiale, plus fondamentale. L’altérité qui existe dans la Trinité de toute éternité : en Dieu, il y a une différence qui est bonne. Cette différence des Personnes divines où l’une n’est pas inférieure à l’autre, mais lui est égale en nature, en dignité. Il y a dans cette altérité divine un espace d’amour pour qu’adviennent les créatures, certes inférieures en perfection, mais enveloppées dans un éternel amour.
C’est dans le Fils que nous avons été créés pour être introduits dans sa relation avec le Père. Or, l’Esprit est l’amour du Père et du Fils. C’est l’Esprit qui maintient cet espace d’amour entre le Père et le Fils dans lequel nous sommes plongés. Nous sommes donc enveloppés par l’Esprit.
Or, le Fils s’est fait chair. Il s’est donné à nous pour que nous devenions Lui. Nous ne sommes donc plus dans la Trinité seulement comme créatures, mais nous le sommes en tant que vivant de la vie même de Dieu. C’est une folie d’Amour. Nous sommes dans cet Amour, pleinement.
Et l’Amour est venu en nous, en chacun de nous.
De la même manière que c’est l’espace entre le Père et le Fils qui a permis à la création de prendre place en Lui ; il a fallu une distance pour que Dieu puisse prendre place dans nos cœurs. Cette distance se laisse contempler dans la Sainte Famille. Dieu s’est fait Enfant entre Marie et Joseph. Il a fallu la distance d’amour entre Marie et Joseph, entre l’homme et la femme, pour que le Christ ait un lieu où habiter au cœur de l’humanité.
De fait, nous sommes faits comme cela : pour qu’advienne la famille qui est la cellule fondamentale de la société, il faut l’espace entre l’homme et la femme. C’est dans cet espace que se déploie la vie d’une maison avec sa matérialité, sa végétalité, son animalité, avec sa vie et ses joies, avec tous ceux qui y sont associés et tous les enfants qui y sont accueillis. Cela se veut un espace d’amour, fait de différence et d’unité, d’union et de fécondité, de vie et de don.
Il serait dommageable de voir le Christ Jésus, Dieu fait Homme, comme un simple masculin comme tous les masculins. Il est autre que cela. Il est un masculin-enfant. Il est l’enfant de Marie, il est l’enfant de Joseph. C’est parce que l’union du masculin et du féminin se laisse voir de l’extérieur comme un masculin du fait de la place de celui-ci quant à l’extériorité que le Christ est un masculin. Mais il faut le voir comme un enfant de l’homme, comme un enfant de la femme. Il est le fils de l’homme.
Le Christ vient prendre place dans nos cœurs comme un enfant. C’est ce qui se joue à l’eucharistie. Il vient comme un petit enfant pour ce mystère propre que nous portons. Il trouve une place dans nos cœurs par notre polarité masculine ou féminine orientée vers le sexe opposé. Il trouve une place dans nos cœurs par le mystère de la conjugalité.
Il vient comme un enfant, Lui le Fils. Et sa vie tout orientée vers le Père se déploie en nous dans l’Esprit. L’Esprit est le sceau de l’Alliance conjugale. C’est Lui qui vient maintenir en nous cet espace d’épousailles où peut se déployer l’Enfant-Dieu. L’Esprit est l’époux de notre âme, où il se manifeste selon la spécificité de notre vocation. Cela se voit en plénitude en Marie, Épouse de l’Esprit-Saint. Il vient en nous, Lui l’Esprit de Vérité, pour que nous soyons remplis de Dieu, pour que nous soyons fils et filles du Père. Et le Christ est ainsi l’Époux de l’Église par son Esprit déposé dans nos âmes.
Les épousailles de l’Esprit-Saint dans lesquelles nous introduisent l’Enfant-Dieu pour que sa vie se déploie en nous à la louange du Père sont donc la manière dont le Dieu Amour veut être glorifié en nous. Elles sont donc la manière dont la vie trinitaire se déploie en nous.
Les anges sont aussi insérés dans l’espace d’Amour entre le Père et le Fils. Ils propagent la Lumière de Dieu jusqu’aux hommes ; ils sont des messagers. Et leur hiérarchisation permet de coordonner les espaces de vie et d’amour depuis ceux de chaque cœur humain jusqu’à l’unité totale de toute chose devant Dieu. Ils gardent chacun un espace particulier où peuvent évoluer des créatures d’ordres inférieurs. Il sont au service de l’ordre qui s’installe chez les créatures dans cet espace entre le Père et le Fils dans l’Esprit-Saint.
Ils sont d’une certaine manière porteur du mystère de vie et d’amour qui se déploie dans l’espace spirituel qu’ils protègent, sans pour autant le résumer en eux. Ils ne remplissent pas tout cet espace, mais ils en gardent l’unité en s’associant souvent à d’autre anges. Ils sont chacun un lieu d’union et de fécondité au service de la vie, au service de son déploiement. Ils permettent aux mouvements de vie et d’amour de s’harmoniser et de se structurer.
Notons que le Christ ne s’est pas fait ange ; ils n’ont donc pas besoin d’être sexués pour accueillir l’enfant Dieu dans leur cœur, pour ménager un espace entre eux pour Lui. Cependant, dans le Christ, Dieu s’est fait leur protégé ; il a pris une condition inférieure à la leur pour les diviniser, pour leur faire partager sa vie. Ils reçoivent eux-aussi les épousailles de l’Esprit-Saint depuis le Christ présent dans le monde des hommes, non pas pour que le Christ se fasse leur enfant, mais pour porter l’unification du Christ Total. Ils gardent un mystère de conjugalité dans l’Esprit-Saint et d’enfantement du Verbe de Dieu selon leur mystère propre et de par leur vie intérieure faite d’union et de fécondité.
Les anges permettent à toutes les cellules fondamentales de la société des saints que sont le cœur des hommes et des femmes accueillant l’Enfant-Dieu de se structurer dans un ensemble harmonieux et unifié pour former le Christ Total et chanter la gloire de Dieu dans une liturgie céleste intégrant le Cosmos tout entier.
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