Demain s’ouvre, pour l’Église catholique, à la demande du pape François, le mois missionnaire extraordinaire. C’est l’occasion pour nous de sortir de nos sentiers habituels pour tenter l’aventure de témoigner du Christ Ressuscité, de témoigner de celui qui est pour nous la Résurrection et la Vie. C’est l’occasion pour que nos actions entrent dans cette prière que tous soit un dans l’amour.
Pour nous mettre en mission, l’aide des saints nous est précieuse. Ils sont non seulement des amis sur ce chemin, des conseillers, et des exemples, mais ils nous manifestent aussi quelque chose de ce qu’est Dieu, quelque chose de son amour et de sa vie. Ils sont des icônes vivantes du Christ Ressuscité, car celui-ci vit en eux. Grâce à eux, en nous unissant à eux, il est plus aisé de faire entrer les personnes que nous rencontrons dans la vie avec Dieu. Grâce à eux, il est plus aisé d’être brûlant nous-même du Christ vivant en nous.
Pour nous mettre en mission, il nous arrive très fréquemment et à juste titre d’invoquer la petite Thérèse qui est la patronne des missions, et que nous fêtons ce 1er octobre. Mais il est quelqu’un dont l’on parle trop peu, que l’on a tendance à oublier même si on le connaît bien. Quelqu’un dont cette sainte disait dans Histoire d’une âme que sa dévotion pour lui se confondait depuis son enfance avec son amour pour la Vierge Marie. Se confondait ! C’est à dire que c’était le même amour, la même dévotion. Quelqu’un qui est le patron de l’Église universelle, le père de la Nouvelle Évangélisation, l’artisan de la Civilisation de l’Amour, et le protecteur du troisième millénaire (cf. Jean-Paul II, Redemptoris Custos).
Il s’agit bien sûr du glorieux saint Joseph. En dépit d’une dévotion dès l’origine, l’on a tardé dans l’Église à lui rendre un culte réel dans nos liturgies. Et l’on tarde encore à parler vraiment de lui, à nous consacrer à lui, à le prier, à lui donner dans nos cœurs la place qui lui revient. Si la petite Thérèse, docteur de l’Église, dit que sa dévotion pour saint Joseph se confondait avec son amour pour la Vierge Marie, c’est qu’il nous faut faire de même. Car là où est l’époux est l’épouse, et là où est l’épouse est l’époux.
Nous avons des réticences pour cela. La preuve en est qu’un grand nombre de catholiques prient beaucoup la sainte Vierge et presque jamais saint Joseph. C’est que nous avons du mal à lui donner sa place dans nos conceptions théologiques. C’est que nous ne comprenons pas bien comment ce père terrestre de Jésus, époux de la Mère de Dieu, se situe vis-à-vis du Père céleste. C’est que nous avons du mal à voir la Mère immaculée comme l’époux de saint Joseph. C’est que finalement nous sommes idéologiques, c’est que nous véhiculons dans l’Église des idéologies qui nous empêchent de voir la réalité de la Révélation.
Dieu s’est révélé en Jésus Christ au cœur du mariage virginal de Marie et Joseph. Jésus a appelé Marie « maman » et Joseph « papa ». Dieu s’est révélé dans la vie de Nazareth dans la maison de la Sainte Famille, dans ce village fait de relations toutes humaines. Il nous faut entrer dans cette réalité de la Révélation, entrer dans ce village de Nazareth, entrer dans la Sainte Famille, et dire, avec le Christ vivant en nous, à Marie « maman » et à Joseph « papa ». Le Christ vivant en nous est ce même Jésus Christ de Nazareth. Le Christ qui a eu ces trois années de vies publiques, qui est mort et ressuscité, est ce même Jésus-Christ qui a grandi au cœur de l’amour conjugal de Marie et Joseph.
Celui que nous devons annoncer, c’est ce Jésus là. Ce n’est pas un Jésus déconnecté de sa vie familiale. Sinon, notre christianisme risque d’être tordu, déviant, mal ajusté. Nous risquons de propager une idéologie qui abîme des pans entiers de notre humanité, au lieu de les restaurer. Il faut rendre grâce pour tous les prêtres et tous les consacrés, hommes et femmes. Il faut bénir tous ceux qui ont fait le choix du célibat pour témoigner du Christ Ressuscité vivant au cœur de l’humanité. Mais il ne faut pas perdre de vue que leur vie s’enracine dans la vie familiale, que leur spiritualité est marquée par la réalité conjugale de l’union du Christ et de l’Église. Il ne faut pas avoir peur de témoigner du Christ, mais il ne faut pas perdre de vue que sa vie s’est déployée au cœur du mariage de Marie et Joseph.
Il nous faut parler de saint Joseph, c’est une urgence. Pour rééquilibrer notre spiritualité qui risque sinon de dévier. « Depuis mon enfance j’avais pour lui une dévotion qui se confondait avec mon amour pour la Sainte Vierge. », nous disait la petite Thérèse (Histoire d’une âme, Manuscrit A Folio 57 Recto). Et elle est celle dont le message d’enfance spirituel à bouleverser le monde, celle qui a compris d’une manière éminente l’amour du Père. Ce n’est pas un hasard. En priant saint Joseph, époux de la Vierge Marie, il est plus aisé d’entrer dans le visage du Père. Saint Joseph, c’est l’artisan qui nous aide à passer de l’intériorité, où nous entraîne davantage la Vierge Marie, à l’extériorité pour œuvrer concrètement pour le Royaume.
À Fatima, le 13 octobre 1917, pendant la danse du soleil, les voyants ont eu la vision de plusieurs tableaux, dont un de la Sainte Famille, avec saint Joseph tenant dans ses bras l’Enfant-Jésus, et bénissant avec Lui le monde. En ce début du mois missionnaire, il pourrait être d’actualité de nous placer intérieurement dans cette vision. De regarder saint Joseph bénir le monde, et de le laisser nous entraîner sur les chemins que Dieu veut dans une nouvelle évangélisation selon le cœur de Dieu et pour qu’advienne la civilisation de l’amour.
Saint Joseph, nous te confions le mois missionnaire.
Saint Famille de Nazareth, nous vous confions la nouvelle évangélisation.
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