Les noces de l’Agneau

Une femme enceinte, c’est vraiment beau.

Mais une femme enceinte de Jésus, Dieu fait chair, c’est d’une beauté inimaginable. L’Esprit-Saint enveloppe cette femme, et Dieu le Fils prend chair en elle pour la gloire du Père.

Or Dieu veut venir ainsi dans le ventre de chaque femme pour l’éternité. Il veut vivre ses noces avec l’humanité de cette manière. Et Il veut que chaque homme accueille conjointement cet Enfant-Dieu avec une femme. Nous ayant créés par une étreinte d’amour, Il veut être accueilli chez nous par une étreinte d’amour. C’est un mystère immense, inouï.

Ce sont les noces de l’Agneau. Et c’est de cette irruption de la vie divine en nous que se déploie en nous toute vertu et toute grâce. C’est un mystère d’amour… Saint Jean, qui le connaissait, dit, dans l’Apocalypse au chapitre 10, qu’il avait reçu l’ordre de n’en rien dire, car cela a été gardé pour un temps futur. Sainte Gertrude, à qui l’Apôtre apparaissait, lui a demandé pourquoi il n’avait rien dit des secrets d’amour qu’il avait entendu en reposant sur le Cœur de Jésus. Saint Jean a répondu que son rôle était de témoigner du Verbe fait chair et que cela était suffisant, mais que les secrets du Cœur de Jésus étaient gardés pour un temps où la charité se sera beaucoup refroidie ; ils seraient révélés pour le sortir de l’abîme. Jésus l’a dit aussi : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand le consolateur sera venu, lui l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité toute entière » (Jn 16, 12-13).

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Très-humanisme et spiritualité

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Le ciel et la Terre – Le livre des œuvres divines de sainte Hildegarde de Bingen

Notre époque nous conduit non seulement à chercher à être humain, mais aussi à être très humain.

D’immenses courants nous entraînent vers un individualisme où l’on se replie sur soi, ou vers un utilitarisme où l’on use de l’autre ou de la création pour son propre intérêt. Nous nous retrouvons loin des beautés de la nature, loin de la splendeur des rencontres, au profit d’un monde de plus en plus virtuel et auto-référencé. La technique nous offre de quoi transformer la matière humaine dans une direction qui paraît hors de contrôle. L’opposition entre un idéal porté par un grand nombre et la réalité où l’on évolue est grande. Des conflits latents ne demandent qu’à surgir et à nous entraîner dans des abîmes sans nom. La finance règne. Le profit fait sa loi. La technique s’immisce partout.

Pourtant, il y a des courants de vie qui nous portent à bâtir un monde meilleur, un monde où l’amour est le sel et le ferment de l’existence. Et l’on s’oriente vers des œuvres sociales et solidaires. L’on fait le choix de la joyeuse sobriété. L’on cherche à concilier l’économie, l’écologie et l’humain. L’on agit pour une économie au service de la communion, de la commune unité où tous et chacun, en particulier les plus pauvres, peuvent se réaliser dans le respect de leur dignité. L’on espère que ces efforts ne seront pas vains, et qu’adviendra une authentique civilisation d’amour. Lire la suite « Très-humanisme et spiritualité »

Vers la Civilisation de l’Amour

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Adoration des mages

« La civilisation de l’amour l’emportera sur la fièvre des luttes sociales implacables et donnera au monde la transfiguration tant attendue de l’humanité finalement chrétienne. » Homélie de Paul VI, le 24 décembre 1975.

Le monde est en attente. Il cherche quelque chose. Il cherche une unité qu’il n’a pas. Une unité entre les personnes. Une unité entre les communautés. Une unité entre les pays. Une unité au sein même de chaque personne. Une unité de la pensée. Une unité de la parole. Une unité de l’agir. Une unité du ressenti. Quelque chose qui nous permette de retrouver l’harmonie perdue, de retrouver la joie de vivre simplement la diversité des facettes de ce que l’on est.

Le monde manque de joie et d’espérance. Le monde manque d’amour.

On pourrait continuer longtemps comme cela à dresser la liste de ce qui nous manque. C’est étonnant en fait. Le Christ est venu il y a deux mille ans apporter la vie de Dieu ; et aujourd’hui encore, il n’y a pas d’unité, il n’y a pas de paix. Mais, en fait, si l’on écoute les paroles du Christ, et le Nouveau Testament en général, on découvre que cela avait été annoncé : « Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres : gardez-vous d’être troublés, car il faut que ces choses arrivent. Mais ce ne sera pas encore la fin. Une nation s’élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume, et il y aura, en divers lieux, des famines et des tremblements de terre. Tout cela ne sera que le commencement des douleurs. » (Mt 24, 6-8). Lire la suite « Vers la Civilisation de l’Amour »

L’Arc-en-Ciel

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« C’est ici le signe de l’alliance que j’établis entre moi et vous, et tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour les générations à toujours : j’ai placé mon arc dans la nuée, et il servira de signe d’alliance entre moi et la terre. » (Gn 9, 12-13). Tout le monde connaît l’histoire de Noé et du déluge qui se termine par ce sublime arc-en-ciel comme signe de l’Alliance entre Dieu et les hommes pour la suite des temps. Moins connu peut-être est la présence de l’arc-en-ciel dans le livre de l’Apocalypse.

On le voit déjà autour du trône de Dieu : « Et voici, il y avait un trône dans le ciel, et sur ce trône quelqu’un était assis. Celui qui était assis avait l’aspect d’une pierre de jaspe et de sardoine ; et le trône était environné d’un arc-en-ciel semblable à de l’émeraude. Autour du trône je vis vingt-quatre trônes, et sur ces trônes vingt-quatre vieillards assis, revêtus de vêtements blancs, et sur leurs têtes des couronnes d’or. » (Ap 4, 2-4). Il s’agit là d’une description de la vie des chœurs angélique autour du trône de Dieu. Lire la suite « L’Arc-en-Ciel »

La vie en abondance

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Une peinture de Vernet

« Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Écriture. » Jn 7, 38.

Le Seigneur Jésus nous appelle à lui, car il veut nous donner la vie en abondance. Et il veut se servir de nous pour la répandre dans le monde.

Mais qu’est-ce que la vie ? Qu’est-ce donc que cette chose si précieuse que l’on cherche à garder, tout en étant capable de la gaspiller grandement ?

La vie est ce puissant dynamisme qui fait que l’être se déploie dans ses diverses potentialités. C’est une disposition profonde de toute chose pour sa propre réalisation. La vie est encore plus fondamentale que le vouloir ou la vertu. Le vouloir accompagne la vie en l’orientant dans le choix du bien. La vertu est le dynamisme de nos diverses facultés, là où la vie est le dynamisme de l’être. Nous prenons ici la notion de dynamisme dans le sens d’une disposition stable pour se réaliser dans sa finalité. Lire la suite « La vie en abondance »

Lc 10, 38-42 : Marthe, Marie et la Volonté de Dieu

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Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (10, 38-42)

En ce temps-là, Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut. Elle avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. » Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »

Commentaire

Le Seigneur Jésus nous présente ici une meilleure part. Quelque chose de désirable. Quelque chose qu’il faut souhaiter avoir pour soi. De quoi s’agit-il donc ? Une lecture rapide et très courante consisterait à dire que la meilleure part, celle de Marie, est la vie contemplative, et que l’autre part, celle de Marthe, est la vie active. Il faudrait alors donner une préférence à la vie contemplative. Une telle lecture, qui sous certains aspects n’est pas vraiment fausse, pourrait laisser penser qu’il faille délaisser la vie active ou la sous-estimer. Et l’on se rattrape en disant que toute vie a finalement les deux aspects : actif et contemplatif. Or, il ne s’agit pas de cela en fait.

Marie, assise aux pieds du Seigneur, « écoutait sa parole ». Ce que le Seigneur loue en Marie, c’est qu’elle écoute, qu’elle L’écoute. Or, de l’écoute naît l’obéissance. L’étymologie de ce mot étant justement d’écouter, de prêter l’oreille. La meilleur part que le Seigneur désigne en Marie, c’est qu’elle fait sa Volonté. La meilleur part qu’il nous faut désirer, c’est de faire la Volonté du Seigneur, en toute chose et partout. Lire la suite « Lc 10, 38-42 : Marthe, Marie et la Volonté de Dieu »

La kénose de Dieu

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Épître aux Philippiens 2, 5-11 :

« Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père. »

En Jésus-Christ, Dieu s’est abaissé, sans pour autant cesser d’être Dieu. Il a pris la nature humaine. Il s’est fait petit enfant, Il a vécu sur la Terre, Il a souffert la Passion. Et Il est ressuscité et monté au Ciel en emmenant l’humanité avec Lui à sa suite. C’est un grand mystère. C’est le mystère de l’Assomption de l’humanité par le dessin bienveillant de Dieu. C’est le mystère de la Rédemption où Dieu prend sur lui nos souffrances et nos péchés pour y déposer son amour.

Dieu a souffert en son humanité. La Trinité impassible, éternelle et immuable a souffert en Jésus-Christ, dans son humanité. Dieu a voulu partager nos souffrances pour nous rejoindre et nous sauver ; et Il s’est fait homme. Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous.

Devant un tel mystère d’amour, mais également devant les égarements de l’humanité, se pose la question de savoir comment Dieu est-il changé par son Incarnation ? Et est-ce que la souffrance vient émouvoir Dieu jusque dans sa divinité ? L’on dit que l’union de la nature humaine et de la nature divine en Jésus-Christ se fonde sur son humanité, qu’elle est réelle du côté de son humanité, mais qu’elle est seulement de raison du côté de sa divinité. Il n’y a pas de réciproque du côté de Dieu. De fait, Dieu n’est pas changé par l’Incarnation, Dieu est resté le même. La relation ne peut être fondée réellement de son côté. Mais si cette relation de la divinité à l’humanité est seulement de raison, Dieu est-il vraiment présent à toutes les réalités humaines et à toutes nos souffrances ?

Il y a là une précision à apporter. Lire la suite « La kénose de Dieu »

Le grand oublié

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Demain s’ouvre, pour l’Église catholique, à la demande du pape François, le mois missionnaire extraordinaire. C’est l’occasion pour nous de sortir de nos sentiers habituels pour tenter l’aventure de témoigner du Christ Ressuscité, de témoigner de celui qui est pour nous la Résurrection et la Vie. C’est l’occasion pour que nos actions entrent dans cette prière que tous soit un dans l’amour.

Pour nous mettre en mission, l’aide des saints nous est précieuse. Ils sont non seulement des amis sur ce chemin, des conseillers, et des exemples, mais ils nous manifestent aussi quelque chose de ce qu’est Dieu, quelque chose de son amour et de sa vie. Ils sont des icônes vivantes du Christ Ressuscité, car celui-ci vit en eux. Grâce à eux, en nous unissant à eux, il est plus aisé de faire entrer les personnes que nous rencontrons dans la vie avec Dieu. Grâce à eux, il est plus aisé d’être brûlant nous-même du Christ vivant en nous.

Pour nous mettre en mission, il nous arrive très fréquemment et à juste titre d’invoquer la petite Thérèse qui est la patronne des missions, et que nous fêtons ce 1er octobre. Mais il est quelqu’un dont l’on parle trop peu, que l’on a tendance à oublier même si on le connaît bien. Quelqu’un dont cette sainte disait dans Histoire d’une âme que sa dévotion pour lui se confondait depuis son enfance avec son amour pour la Vierge Marie. Se confondait ! C’est à dire que c’était le même amour, la même dévotion. Quelqu’un qui est le patron de l’Église universelle, le père de la Nouvelle Évangélisation, l’artisan de la Civilisation de l’Amour, et le protecteur du troisième millénaire (cf. Jean-Paul II, Redemptoris Custos).

Il s’agit bien sûr du glorieux saint Joseph. Lire la suite « Le grand oublié »

Mt 27, 45-52 et Ps 22(21) : Abandon du Christ

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Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 27, 45-52 :

Depuis la sixième heure jusqu’à la neuvième, il y eut des ténèbres sur toute la terre. Et vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte: ‘Eli, Eli, lama sabachthani ?’ c’est-à-dire : ‘Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?’ Quelques-uns de ceux qui étaient là, l’ayant entendu, dirent : ‘Il appelle Elie’. Et aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge, qu’il remplit de vinaigre, et, l’ayant fixée à un roseau, il lui donna à boire. Mais les autres disaient : ‘Laisse, voyons si Elie viendra le sauver.’ Jésus poussa de nouveau un grand cri, et rendit l’esprit. Et voici, le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, les sépulcres s’ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent.

Psaume 22 (21) :

02 Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis
03 Mon Dieu, j’appelle tout le jour, et tu ne réponds pas ; même la nuit, je n’ai pas de repos.
04 Toi, pourtant, tu es saint, toi qui habites les hymnes d’Israël ! Lire la suite « Mt 27, 45-52 et Ps 22(21) : Abandon du Christ »

Quelle espérance ?

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Tout va de plus en plus vite. Un courant avec une force inouïe semble tout emporter sur son passage. La civilisation est en train de changer, en profondeur. Cela est dû à l’arriver des techniques et des nouvelles libertés. Le modèle ancien de la famille s’en est allé. L’euthanasie fait son chemin. La PMA et la GPA se banalisent et entrent dans les mœurs. Pourquoi ? Pourquoi nous éloignons-nous des conceptions traditionnelles sur le couple humain et la vie à accueillir et à soutenir jusqu’à son terme ? Pourquoi voit-on disparaître ce que le monde chrétien avait fait émerger comme la volonté de Dieu inscrite jusque dans la nature humaine ? Les civilisations avant la civilisation chrétienne n’avaient pas eu ce modèle : on y pratiquait sans scrupules la polygamie, l’infidélité, le divorce, l’excision, l’abandon d’enfants, et beaucoup d’autres choses. Pourquoi ce que l’Évangile avait ciselé durant des siècles est-il en train de s’effondrer ? Lire la suite « Quelle espérance ? »