Il fut un temps où beaucoup ont été fascinés par l’arrivée des nouvelles techniques et technologies. Elles apportaient des promesses d’évolution susceptibles de résoudre beaucoup de nos problèmes et d’étendre nos potentialités. Et nos sociétés se sont lancées dans le développement, la production et l’usage de celles-ci. Le linge ne se lave plus au lavoir à la main, mais dans des machines. L’eau ne se puise plus au puits et ne se chauffe plus au feu, mais elle arrive à notre robinet à la bonne température. L’enfant a trouvé des jeux passionnants dans des objets volants ou devant des écrans.
On constate cependant aujourd’hui que ces techniques n’ont pas résolu tous les problèmes et en ont apporté beaucoup. Beaucoup de nos technologies comme les téléphones, les voitures, les robots et les avions ne sont pas durables, elles nous font entrer dans des cycles de dégradations de notre environnement. Certaines nuisent à notre santé par la pollution, par l’impact des ondes, par les trop grandes vitesses ou nuisances sonores dans lesquelles elles nous placent, ou par tous les impacts psychologiques. Elles semblent nous emmener vers l’échec, d’autant que la politique à ce sujet est essentiellement économique : vendons-les pour qu’elles nous rapportent du profit. Faut-il donc user de toutes ces techniques ?
On serait tenté de les rejeter et de revenir à des modèles anciens qui respecteraient davantage l’homme et son environnement : au cheval, au pigeon, à nos mains et à nos pieds. On ne voudrait qu’user de ces techniques qu’après avoir bien vérifié par notre intelligence qu’elles seraient un bien et non un mal. Il ne s’agirait pas de rejeter les techniques en soi, mais d’en avoir un usage éclairé, en n’en usant que si elles sont entièrement renouvelables et n’abîment ni l’homme ni le monde. Et on juge que l’introduction de beaucoup de ces techniques comme les smartphones ou même les voitures n’était qu’une grossière erreur.
C’est beau, c’est plein d’idéal, mais c’est utopique. Cela oublie une vérité que la théologie nous enseigne : c’est que l’homme depuis le péché originel a perdu le don d’intégrité. Son développement personnel et social ne peut se faire sans problèmes, sans tomber dans la dégradation. Chaque homme va vers la vieillesse et la mort. Notre monde va vers sa vieillesse et sa mort. Sans la grâce de Dieu, on ne peut vivre éternellement dans une belle jeunesse et une santé parfaite. Même si l’on utilisait une philosophie éclairée et avancée pour guider ce monde, sans la grâce de Dieu, sans sa présence, sans son aide, on ne peut gouverner ce monde convenablement et assurer son intégrité. Ce monde est ingouvernable sans Dieu et sans les anges. Le cœur du problème n’est pas ces techniques, mais c’est le refus de vivre de Dieu et avec Dieu. Et l’on pourrait fuir toutes ces techniques, si l’on reste loin de Dieu, on resterait dans le même égarement qui ne conduit qu’à la mort.
Ces techniques ont fait partie du développement de l’humanité, elles ont apporté leur problèmes, elles ont apporté de belles choses aussi. Sans le don d’intégrité, ces problèmes étaient inévitables. La question est de savoir au final si Dieu a voulu que l’on en use. Il n’y a finalement que Lui qui est en mesure de le savoir, car nous n’avons pas la vue d’ensemble de l’histoire, nous ne savons pas où Il veut nous mener. Nous savons que cela passera par un échec de l’humanité, mais nous ne savons pas ce qu’Il suscitera à ce moment-là, ce qu’Il fera de tout cela. Je crois pour ma part qu’au-delà des horreurs commises avec elles, Dieu a voulu ces techniques pour nous faire découvrir certaines facettes de notre humanité, et pour s’en servir au jour de son Salut. Dieu a voulu ces techniques pour un accomplissement mystérieux où nous retrouverons notre intégrité par sa grâce en vivant de sa vie et de sa Volonté. Il ne veut pas certaines choses, comme par exemple la transformation du vivant comme le prône les transhumanistes, ou certaines armes de destructions massives. Il ne veut pas non plus qu’on en use pour le seul profit ou pour nos divers intérêts personnels, au lieu de servir le bien commun. Mais globalement il est favorable à beaucoup de nos techniques et de nos technologies.
Ceci étant dit, il y a fort à parier que Dieu veut aujourd’hui pour beaucoup un certain dépouillement, une certaine sobriété dans l’usage de ces techniques. Il y a de nombreuses campagnes à réinvestir. Il y a des amitiés à construire. Il faut quitter ce monde virtuel omniprésent où l’on perd son temps devant les écrans pour aller vers la vraie vie, celle où l’on contemple les choses du monde, où l’on partage dans des vis-à-vis et où l’on est connecté à la Terre. « Poussière, tu es poussière, et tu retourneras à la poussière. » (Qo 12,7). Tu as voulu bâtir un monde en quittant la terre, mais tu y retourneras, et c’est des campagnes qu’une nouvelle civilisation naîtra. Il y aura toujours des villes, mais elles ne seront pas la quasi-exclusivité de ton séjour quotidien.
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