Des animaux et des hommes

cheval

On dit généralement que l’animal a une conscience animale où il fait ses choix pour chercher les plaisirs et fuir les peines. C’est ce que l’on appelle son estimative qui est un sens interne et qui s’explique uniquement par les lois de la matière, sans aucune idée de spiritualité ni de libre-arbitre. Cependant, l’on constate qu’une certaine harmonie supérieure s’installe au sein de la nature dans des écosystèmes élaborés ; cela est déjà vrai au niveau de chaque espèce animale, mais cela est vrai de manière plus vaste entre les multiples animaux, végétaux et minéraux. Les animaux ne sont-ils donc guidés que par leur propre instinct les portant au plaisir ? Ou y a-t-il une force supérieure de la nature qui orienterait leur agir vers un déploiement de vie plus vaste ?

Dans notre article intitulée De la science, nous parlions de la tendance à la vie que la matière avait en elle-même. Nous disions que les animaux étaient des foyers de déploiement de vie, qu’ils portaient cette qualité en propre, dans leur propre unité. Les animaux sont ce que la matière produit de mieux, ils sont la manifestation la plus grande de ce qu’elle porte en elle. Dans cette logique, il apparaît que la qualité de tendance vers la vie est ce qui oriente le plus l’agir animal. L’estimative des animaux n’est pas seulement orientée par la recherche des plaisirs et la fuite des peines, mais elle est orientée plus fondamentalement vers le déploiement de la vie. Il ne s’agit pas seulement du déploiement de vie de l’animal pris isolément, car dans la matière tout est lié. Il s’agit du déploiement de vie du Cosmos, de celui des écosystèmes. Tout animal cherche à prolonger l’espèce. Tout espèce s’inscrit dans une harmonie entre les espèces pour réaliser un écosystème cohérent. Bien sûr, le plaisir contribue à ce déploiement de vie, comme d’ailleurs tous les sentiments de sécurité, et les multiples jeux et industries que l’on trouve chez les animaux. Mais ce qui prédomine à tout c’est le déploiement de vie du Cosmos qui vient rejaillir dans chaque conscience animale. Cette conscience animale peut être entravée par toute les blessures et imperfections de la nature, mais la tendance à la vie est là sous-jacente à tout ce qui est matériel. La conscience animale est bien matérielle et non point spirituelle comme l’est la conscience humaine, mais elle porte en elle l’orientation vers la vie.

Cette vie et ces relations entres les êtres de l’ordre matériel sont comme une métaphore de la vie et des relations d’amour du monde spirituel. Ce dernier, qui vient aider le monde matériel à trouver sa perfection, va trouver dans celui-ci un lieu pour exprimer sa propre poésie. Le monde matériel sert de langage à l’amour. Le monde matériel est incapable de trouver par lui-même sa propre perfection, mais le monde spirituel, le monde de l’amour, est là pour le mener vers une perfection qui le dépasse complètement.

Placer la tendance à la vie comme plus fondamentale chez l’animal que la recherche du plaisir nous ouvre justement sur le langage de l’amour, même si l’animal ne vit pas cet amour. Cette prédominance de la tendance à la vie ne peut s’expliquer dans le domaine de la quantité ; il ne sera jamais observable sous un microscope, ou que indirectement dans ses effets ; il ne faut pas s’attendre à en saisir le mécanisme. Il trouve son explication dans le domaine de la qualité de la matière.

Placer la tendance à la vie comme plus fondamentale chez l’animal que la recherche du plaisir permet de mieux réconcilier au sein de l’humanité sa part d’animalité avec sa spiritualité. Si ce qui est charnelle en nous porte davantage un attrait vers la vie que vers le plaisir, le spirituel trouve davantage une continuité et est moins vécu dans l’opposition. De fait, le déploiement de vie se trouve au fondement de l’amour, alors que le recherche du plaisir n’en est qu’un fruit secondaire. Cherche le déploiement de vie, c’est chercher le premier niveau de l’amour ; et entrer dans toutes les dimensions de l’amour se fera dans la continuité. Chercher le plaisir, c’est chercher une chose secondaire qui peut entrer en opposition avec l’amour vrai. Le charnel bien compris ne s’oppose pas au spirituel ; le charnel peut être empli de spiritualité et nous orienter dans la même direction. Le charnel mal compris par contre nous pousse vers une vie qui est même inférieure à celle de l’animalité, celle d’un plaisir qui s’oppose à la vie.

L’amour est la force la plus puissante de l’univers, et au cœur de l’amour il y a le déploiement de la vie dans des échanges réciproques. Le monde matériel lui-même est un témoin de cela.

cc by-nc-nd Bruno Monginoux www.photo-paysage.com & www.landscape-photo.net

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