Un signe permet d’atteindre un signifié à partir d’un signifiant. Pour qu’un lien puisse se faire entre les deux, il doit exister entre eux une certaine ressemblance du type de l’analogie. Pour plus de détails sur le procédé d’analogie, on peut se rapporter à notre article Des diverses analogies. Le lien entre les deux réalités peut être intrinsèque ou extrinsèque au signifiant ; s’il est intrinsèque, alors c’est que ce lien existera toujours. S’il est extrinsèque, le lien est alors lié à une culture donnée. Par exemple, une mère qui allaite son enfant est un signe intrinsèque de l’amour maternel. Et un mot pour désigner une réalité est un signe avec un lien extrinsèque : il est lié à une culture, c’est-à-dire à des choix posés par des êtres spirituels. On peut noter, dans ce cas des mots, qu’il y a une ressemblance en général comme genres entre le mot et le concept ou la relation intelligible ; cela permet d’entrer dans une signification par convention ; mais il n’y a pas toujours de ressemblance en particulier pour que ce soit tel mot pour tel concept ou telle relation.
Symbole et signe sont deux notions presque similaires. Mais nous dirons qu’un symbole est un signe dont le signifié est spirituel. La colombe est un symbole de la paix. C’est un symbole extrinsèque, portée par une culture, mais fondée sur une ressemblance analogique liée au côté paisible de la colombe. Le corps est le symbole de l’âme : il signifie la réalité et les mouvements de l’âme. C’est un symbole intrinsèque, bien que ce soit plus qu’un symbole.
Celui qui connaît le signe ou le symbole atteint la réalité signifié, directement ou médiatement : le concept de paix au travers de la colombe ou du mot ; l’âme au travers du corps ; la perception du lieu au travers du nom de ce lieu. Le signe ou le symbole réalise un acte de connaissance en celui qui le connaît.
Mais il peut réaliser plus. Il peut réaliser chez celui qui le pose, comme chez celui qui le reçoit, un mouvement spirituel lié au signe posé. En écrivant une lettre d’amour, je pose le signe de l’amour, mais il se passe en moi à cette occasion un acte d’amour. Et la personne qui la recevra, en la lisant, sera comblé de cet amour que j’ai pour elle. Quand je reçois une médaille, c’est le signe d’une récompense donnée, mais cela produit en même temps cette récompense, cela produit une glorification. Cette efficience n’est pas l’efficience du signe, mais l’efficience de celui qui pose le signe.
Dans le cas du corps, l’on peut noter que tous nos mouvements spirituels trouvent un lieu de signification dans la matière, et que ce qui se passe dans la matière se trouve lié à des mouvements spirituels. Il faut parfois une certaine culture, qui peut être très particulière à la personne, pour le voir. Cela peut ne pas être très visible. Mais il y a un lien entre l’esprit et la matière, pour que tout mouvement spirituel se joue aussi sous mode de signe dans la matière. Du moins, dans une humanité sans déficience. Un corps, c’est un esprit et une matière en pleine interaction. Un corps, c’est un symbole et plus qu’un symbole : c’est le signifiant et le signifié en pleine interaction, et composés ensemble.
Jésus est le Verbe fait chair. C’est Dieu qui assume un corps. Dans son humanité, c’est ce qu’est Dieu et ce qui se passe en Dieu qui se trouvent exprimés. Et c’est au travers du signe posé en son humanité, et donc dans la matière, que Dieu agit en ce monde. Il y a toujours un lien entre ce que Dieu fait et ce qui se joue dans l’humanité du Christ. Et quant aux sacrements, ce sont les signes posés par le Corps du Christ qu’est l’Église pour réaliser ce qu’ils signifient. Les sacrements sont les instruments du Christ pour réaliser son œuvre de salut. Et celui qui officie le sacrement fait lui-même parti du signe. Il use de sa propre liberté, mais c’est l’efficience du Christ qui passe au travers de ce signe.
Il faut remarquer que nos réalités spirituelles peuvent être des symboles vers les réalités spirituelles angéliques, et elles-mêmes servir de symboles vers les choses de Dieu. Depuis nos réalités matérielles, on remonte par signification, et donc par analogie, jusqu’à notre spiritualité, puis à celle des anges, et enfin à celle de Dieu. Il faut noter qu’une humanité n’est vraiment épanouie que quand elle vit pleinement de cette signification du monde supérieure.
Quand on entre dans la connaissance des choses de Dieu et quand Dieu agit, il y a toujours des anges associés à cela. Les symboles vers les choses divines vont alors être liés à des anges. Nos symboles, quand il désigne des choses qui dépassent le monde des hommes vont se trouver liés au monde angélique, à des anges particuliers. Et dans certains signes, c’est l’efficience des anges qui passe à travers eux, même si dans le signe se trouve d’autres êtres libres. Par exemple, au travers de certaines figures charismatiques, c’est la personnalité d’un ange qui s’exprime. De même pour l’Esprit-Saint dont l’efficience passe par certains signes et certaines personnes.
Dans le monde sensible, tout peut être signe de quelque chose. C’est l’œuvre d’une culture d’apporter une signification aux choses du monde. C’est l’œuvre d’êtres spirituels de mettre en place des symboles vers le monde spirituel. Cela est tellement vrai que notre monde matériel fait de minéraux, de végétaux et d’animaux, va se trouver influencer par notre vie spirituelle, et qu’il va s’y produire des mouvements dans la matière qui font signes vers des mouvements spirituels et vers des réalités spirituelles. Il faut donc savoir interpréter les signes de la nature. C’est le propre d’une culture développée que de savoir interpréter ces signes. C’est aussi le propre de personnes éduquées que de savoir en poser.
Il y a les signes venues de Dieu et de ceux qui l’aiment. Mais les ennemis de Dieu posent aussi des signes. Ils singent le monde divin. Mais ce sont des signes trompeurs, des signes qui reprennent des choses de Dieu pour nous en détourner. Ce sont des signes qui nous égarent. Il faut savoir discerner. Cependant, Dieu va se servir même de ces signes-là pour réaliser son œuvre, et pour que sa Miséricorde soit manifestée.
Le monde de Dieu, c’est un monde où tout est langage vers les splendeurs de ce qu’est Dieu en lui-même. Nos vies et le monde entier doivent être rayonnants de la vie divine pleine d’onction, d’harmonie et de bonté. Cela se manifeste déjà dans la richesse de la vie relationnelle par ses jeux, sa créativité et sa poésie, ainsi que par les splendeurs du cosmos. Mais en regardant la grandeur du monde et les multiples potentialités non advenues de la matière spiritualisée, et en regardant l’immensité de la spiritualité divine et angélique, ainsi que certaines choses que l’on peut pressentir par nos rêves et notre imagination, je pense que l’on peut dire que nous n’avons encore presque rien vu de la manière dont le monde sensible peut servir de signes vers le monde spirituel.
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