Liberté de conscience

Selon l’Évangile, le plus grand des commandements, celui qui résume tous les autres, c’est celui de la charité : aimer Dieu et aimer son prochain, de l’amour même de Dieu (Mt 22, 37-40). Mais comme on aime à le dire : l’amour se fait dans la vérité. Il faut aimer en vérité. L’erreur produit le désordre et le malheur… La vérité permet à la vie de s’épanouir. Elle permet à des amis et à des amants de cheminer ensemble dans une union de cœur. La vérité se reconnaît progressivement dans la conscience qui juge de chaque chose, et permet de choisir le vrai bien. C’est un chemin que l’on emprunte durant toute sa vie : il est fait d’erreurs et de réussites, de déceptions et de grandes joies.

Au sujet de la vérité, Jean-Paul II nous a rappelé dans Veritatis splendor qu’il y a deux impératifs moraux fondamentaux : celui de chercher la vérité, et celui de la choisir une fois trouvée. Ces deux impératifs vont ensembles. Ils fondent la liberté de conscience. Nul ne doit être embêté dans ses choix de conscience, s’il garde vif son désir de quête de la vérité. Mais on ne peut invoquer la liberté de conscience si l’on ne cherche plus la vérité, si l’on se façonne une vérité selon ses envies. C’est là qu’il faut remarquer que notre conscience n’est pas un absolu auto-référencé : elle doit être en relation avec Dieu, avec la Vérité, avec le Bien. Et dans cette relation, elle doit chercher à s’ajuster pour correspondre de plus en plus à ce Vrai Bien qui la dépasse. Et le Vrai Bien est Beau et Bon : il nous fait entrer dans un dynamisme de vie réjouissant.

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Des anges, de leur existence et de leur sexe

Puisque le monde est en feu, il est temps de parler du sexe des anges. C’est une longue tradition depuis la chute de l’empire d’Orient sous les assauts des armées musulmanes en 1453 de procéder ainsi en de telles situations. Cela peut faire rire, mais à chacun de savoir où sont ses priorités. Nous ne faisons pas ici de l’ironie mal placée, mais nous désignons au contraire le point sur lequel notre civilisation a échoué ; et qui peut donc être le lieu d’un renouveau. À vous de vous faire une idée si vous acceptez de prendre le temps de nous lire dans nos différents articles. Nous regarderons ici tout d’abord la question de l’existence des anges, puis celle de leur sexe.

Les anges, donc, qui nous écoutent et sont prêts de nous, sont des êtres purement spirituels. Les diverses religions et cultures attestent de leur existence. Mais peut-on prouver cette existence par la raison humaine ? Certains diront que non, et que cela relèvent seulement de la foi. D’autres, comme saint Thomas d’Aquin et nous-mêmes, soutiendront que cela est possible. La preuve repose essentiellement sur l’argument de la complétude de l’univers des créatures.

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Le sexe est-il un accident ?

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Le titre est peut-être un peu accrocheur, mais il s’agit en fait d’une question philosophique dont la réponse revêt une certaine importance. Il se pose la question de savoir si la masculinité et la féminité sont des accidents ou sont d’ordre substantiel. Un accident est ce qui existe dans un autre ; l’accident peut changer dans un être tout en ayant affaire toujours au même être. C’est par exemple la couleur de notre peau. Une substance est ce qui existe en soi, par soi et non pas dans un autre. Pour un être constitué avec une essence, c’est ce qui demeure dans tout changement. La pierre, le chien et l’homme sont des substances aux multiples accidents. Il y a neuf types d’accidents : la quantité, la qualité, la relation, le temps, le lieu, la possession, la situation, l’action et la passion.

La nature humaine n’est ni masculine, ni féminine, même si elle permet l’un ou l’autre. On pourrait se dire alors que la masculinité et la féminité sont d’ordre accidentel et non pas une caractéristique substantielle. On pourrait finalement changer de sexe. C’est ce que soutiennent certaines personnes. Soit radicalement ; soit en disant cependant que c’est un accident trop fondamental pour qu’on puisse en fait vraiment en changer.

Pour répondre à la question que nous posons, il faut voir que la masculinité et la féminité relève de l’âme humaine. On n’est pas seulement homme ou femme par notre matière, mais jusqu’au bout de notre être et jusqu’à la fine pointe de notre spiritualité. Lire la suite « Le sexe est-il un accident ? »

Signes et symboles

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Une partie de la tenture de l’Apocalypse à Angers

Un signe permet d’atteindre un signifié à partir d’un signifiant. Pour qu’un lien puisse se faire entre les deux, il doit exister entre eux une certaine ressemblance du type de l’analogie. Pour plus de détails sur le procédé d’analogie, on peut se rapporter à notre article Des diverses analogies. Le lien entre les deux réalités peut être intrinsèque ou extrinsèque au signifiant ; s’il est intrinsèque, alors c’est que ce lien existera toujours. S’il est extrinsèque, le lien est alors lié à une culture donnée. Par exemple, une mère qui allaite son enfant est un signe intrinsèque de l’amour maternel. Et un mot pour désigner une réalité est un signe avec un lien extrinsèque : il est lié à une culture, c’est-à-dire à des choix posés par des êtres spirituels. On peut noter, dans ce cas des mots, qu’il y a une ressemblance en général comme genres entre le mot et le concept ou la relation intelligible ; cela permet d’entrer dans une signification par convention ; mais il n’y a pas toujours de ressemblance en particulier pour que ce soit tel mot pour tel concept ou telle relation.

Symbole et signe sont deux notions presque similaires. Mais nous dirons qu’un symbole est un signe dont le signifié est spirituel. La colombe est un symbole de la paix. Lire la suite « Signes et symboles »

Hommes et Femmes dans le plan de Dieu

Quelques intuitions et réflexions

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Icône des noces de Cana

« La Bien-Aimée
Lève-toi, aquilon, accours, autan !
Soufflez sur mon jardin, qu’il distille ses aromates !
Que mon bien-aimé entre dans son jardin,
et qu’il en goûte les fruits délicieux !

Le Bien-Aimé
J’entre dans mon jardin, ma sœur, ô fiancée,
je récolte ma myrrhe et mon baume,
je mange mon miel et mon rayon,
je bois mon vin et mon lait.

Mangez, amis, buvez, enivrez-vous, mes bien aimés ! »

Cantique des Cantiques 4, 16 – 5, 1

[Cliquer ici pour télécharger : Hommes et Femmes dans le plan de Dieu]

Introduction

« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. » (Gn 1, 27). « Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! […] Or, la Femme mit au monde un enfant mâle » (Ap 12, 1;5). De la Genèse à l’Apocalypse, en passant par le Cantique des Cantiques et tous les autres livres, la Bible parle d’hommes et de femmes. C’est un sujet intéressant parce qu’il est au cœur du projet de Dieu et qu’il nous concerne tous. De plus, dans le contexte actuel où l’essence et les postures respectives des hommes et des femmes sont très questionnées, il est d’autant plus judicieux de chercher quel est le plan de Dieu à ce sujet. Lire la suite « Hommes et Femmes dans le plan de Dieu »

Les mains sales

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Charles Péguy disait de certains qu’ils ont les mains pures parce qu’ils n’ont pas de mains. Jacques Maritain disait d’autres personnes qu’ils passent leur vie à se vérifier sans jamais entrer dans la vie. De fait, agir dans le monde où nous sommes plongés malgré nous demande des choix qui peuvent être crucifiants. Nous nous retrouvons parfois devant des cas de conscience qui nous déconcertent. Peut-on mentir pour sauver une vie ou une situation ? Peut-on continuer à travailler pour des entreprises qui polluent à outrance ? Nous pourrions nous réfugier dans un angélisme lointain, dans une tour d’ivoire où l’on condamne un monde sur lequel nous ne voulons pas user un tant soit peu de nos mains pour le transformer. Jésus a dit au sujet de ceux qui entrent dans cette attitude : « Ils lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt. » (Mt 23, 4). Lire la suite « Les mains sales »

Connaissance et intelligence

contemplation

Connaître, cela veut dire naître avec, entrer dans une vie commune avec un autre. Dans le contexte biblique, cela était aussi utilisé pour l’union physique des époux. Il s’agit de s’unir dans la vie. Par la connaissance spirituelle, on touche l’être, on goûte la vie et on sent le don qui se déploie. La connaissance permet ainsi une certaine sensation, une certaine appréhension de la chose connue. Cela procure de la plénitude, de la paix et de la joie, s’il s’agit d’un bien. Et au contraire, s’il s’agit d’un mal, j’y trouve déréliction, angoisse et tristesse. Il s’agit là de sensations spirituelles, conscientes ou inconscientes, qui sont normalement faite pour aller de pair avec les sensations matérielles dans un même mouvement, mais qui, dans la condition présente de l’homme blessé, peuvent parfois être dans une certaine mesure opposées.

Cette faculté de connaissance a malheureusement trop souvent été un peu oubliée au profit de la faculté d’intelligence qui permet de saisir les essences, c’est-à-dire ce que sont les choses. Par l’intelligence, j’entends les essences en tant qu’elles orientent l’existence ; et je les vois en tant qu’elles caractérisent l’être. Lire la suite « Connaissance et intelligence »

Ordre et diversité

Lac d'Emosson, Suisse

Faire de l’ordre, c’est créer de la singularité. C’est sortir d’un chaos où tout est pareil et uniformisé pour donner à chaque chose une place particulière. C’est créer de la diversité, car les choses ont alors des aspects qui leur sont propres. Une culture est un ordre donné, une ville avec sa forme est un ordre donné, une langue est un ordre donné, un métier est un ordre donné. Et nous avons besoin de la diversité des métiers, des villes, des langues et des cultures. Il en est de même pour les multiples facettes de nos spiritualités. Par exemple, l’ordre des Franciscains, l’ordre des Carmes, l’ordre des Dominicains, l’ordre des Bénédictins, l’ordre de Chartreux, et tous les autres, sont autant de manières particulières de vivre la spiritualité qui se complètent et s’interpellent ; et qui nous interpellent même si nous ne sommes pas nous-même dans un ordre religieux.

L’uniformité vient quand on laisse le chaos s’installer. Mais aussi quand l’on cherche à propager un ordre singulier au-delà des limites qui lui sont assignées. Lire la suite « Ordre et diversité »

Pour une métaphysique de la vie

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Si l’on parle aujourd’hui de métaphysique, nous avons souvent l’impression d’avoir affaire à quelque chose de triste et de très abstrait. Ce sont des mots et des concepts qui ne sont pas accessibles à tout le monde et qui pourtant sont censés régir notre manière de penser et de nous situer dans le monde. Nous avons tous l’image de ce métaphysicien assez terne qui joue avec les idées, mais qui paraît bien morose. Et de fait, en étudiant la métaphysique, nous avons parfois l’impression de nous éloigner de la vie. Ce n’est pas toujours le cas, mais nous pressentons au moins que nous en courons le risque.

Pourquoi ? Pourquoi, en nous rapprochant des principes de l’existence, nous semble-t-il partir loin de l’existence ? Pourquoi éprouvons-nous parfois des difficultés à faire un lien entre ces principes et une vie épanouie et heureuse ?

C’est qu’il y a une méprise, une erreur de la pensée, qui nous porte vers un intellectualisme lancinant. C’est que la vie a été remplacée par des concepts. C’est que la plénitude d’être du monde spirituel qui se déploie dans une existence riche et féconde a été remplacée par des abstractions de notre raison souvent de type mathématiques. Lire la suite « Pour une métaphysique de la vie »

La vie en abondance

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Une peinture de Vernet

« Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Écriture. » Jn 7, 38.

Le Seigneur Jésus nous appelle à lui, car il veut nous donner la vie en abondance. Et il veut se servir de nous pour la répandre dans le monde.

Mais qu’est-ce que la vie ? Qu’est-ce donc que cette chose si précieuse que l’on cherche à garder, tout en étant capable de la gaspiller grandement ?

La vie est ce puissant dynamisme qui fait que l’être se déploie dans ses diverses potentialités. C’est une disposition profonde de toute chose pour sa propre réalisation. La vie est encore plus fondamentale que le vouloir ou la vertu. Le vouloir accompagne la vie en l’orientant dans le choix du bien. La vertu est le dynamisme de nos diverses facultés, là où la vie est le dynamisme de l’être. Nous prenons ici la notion de dynamisme dans le sens d’une disposition stable pour se réaliser dans sa finalité. Lire la suite « La vie en abondance »