Nous vivons une époque étonnante… Celle où tout un monde part à la déroute. Que s’est-il passé ? Notre espérance d’un monde de paix aurait-elle été vaine ? Les chrétiens ont amorcé à partir du dix-neuvième siècle un ralliement à une modernité qui s’était construite dans le rejet du christianisme, espérant la transformer. Vatican II a scellé ce rapprochement. Et maintenant nous en goûtons les fruits amers. Ce n’est pas que ce rapprochement était vain et inapproprié. Mais c’est juste qu’il ne fallait pas en attendre plus qu’une tentative de semer ce qui pouvait encore être semé dans l’attente du mystère de la Croix.
De fait, les pères de l’Église nous ont dit que l’Église, qui est le Corps du Christ, était appelée à revivre ce qu’a vécu la Tête qui est Jésus : après la croissance, viendrait la maturité, la Passion, et la Résurrection.
On dit des derniers siècles et de Vatican II que c’est l’Église qui prend conscience d’elle-même : libéré du poids de la chrétienté, elle a le temps et les moyens de s’interroger sur ce qu’elle est, et ce que devrait être un monde chrétien. On perçoit dans tout cela les prémices d’un grand renouveau, comme une préparation pour des noces. Mais ce renouveau ne peut advenir, répétons-le, que par la Passion et la Résurrection.
Il a été analysé qu’à Vatican II trois groupes avaient de l’influence et s’affrontaient : un groupe qui cherchait à se mélanger au monde moderne et à en adopter les idées, un groupe qui voulait condamner les erreurs du monde moderne et affirmer la catholicité, et un groupe qui voulait évangéliser le monde moderne, tout en préservant et enrichissant la catholicité. Le premier et le troisième groupe ont fait lors du concile une alliance de circonstances pour ne pas s’enfermer dans l’opposition à la modernité, mais chercher un chemin vers elle. Mais, sitôt le concile fini, le troisième groupe s’est éloigné du premier, et plus ou moins rapproché du deuxième, pour préserver la catholicité qui était mis en péril par l’ouverture au monde moderne. Le symbole de cela fut le passage pour certains théologiens de la revue Concilio à la revue Communio. Jean-Paul II et Benoît XVI était de ce troisième groupe. C’est le chemin qui semble le plus évangélique, à partir du moment où l’on n’en attend pas plus que ce qu’il peut apporter : semer l’Évangile dans un monde non chrétien, y récolter du bon grain, tout en étant conscient que cela ne peut finir que dans une grande persécution.
Vatican II, à cette lumière, est un beau concile. Mais si l’on cherche à le lire avec les lunettes du premier groupe qui cherche à se fondre dans la modernité, et n’a pas en vue le mystère pascal, alors on perd l’essence du christianisme. Quant au deuxième groupe, il ne voit pas que la Croix est inéluctable, que la chrétienté devait passer par la mort et la résurrection, à la suite de son Seigneur. Il rejette la faute de l’effondrement sur le concile Vatican II, au lieu de voir que celui-ci a semé (avec de l’ivraie, il est vrai) ce qui pouvait encore être semé avant la Pâques.
Vatican II a été comme un dimanche des Rameaux. Certains ont eu l’enthousiasme d’un grand renouveau suscité par un évènement inédit, comme beaucoup qui ont acclamé Jésus dans son entrée messianique à Jérusalem, sans trop savoir qui était vraiment le messie. Mais ce qui vient après, c’est la Passion. Certains seraient tentés de dire aujourd’hui que les fruits de Vatican II sont mauvais, comme certains ont dû le dire en voyant Jésus sur la Croix dans l’échec apparent de sa mission, et pris de tristesse et d’angoisse. Et pourtant, c’est là que l’œuvre du salut s’est accompli.
Les logiques du siècle dernier où l’on a cru pouvoir trouver une sorte de paix avec le monde moderne touchent à leur fin. En fait, elles sont déjà périmées. Il n’y a plus de paix possible. Ce n’est pas qu’il n’y ait pas du bon dans les choses de la modernité. Mais c’est que l’ivraie et le bon grain ayant poussés, l’ivraie prend maintenant trop de place et qu’il faut s’en séparer. L’ivraie, c’est le monde sans Dieu, impie, qui refuse les lois du créateurs, qui veut se façonner à sa guise : c’est le transhumanisme athée qui use de la puissance de la technique et de l’argent pour dominer le monde. Le fait que notre civilisation ait rejeté la source de l’Évangile ne peut nous mener qu’à l’horreur. Le bon grain, ce sont les hommes de bonne volonté qui cherchent un chemin d’amour et de bienveillance, même si parfois, malheureusement, ils ne connaissent pas Dieu, et pas Jésus-Christ, car la modernité leur en a caché l’accès.
En dépit de tous nos efforts d’évangélisation, le monde impie continue à sévir et la confrontation semble aujourd’hui inévitable. Elle a déjà commencé. Malgré une minorité croyante active et quelques victoires mineures, les structures du monde, et parfois même les structures ecclésiales, semblent aller à leur perte. C’est la manifestation de l’Homme Impie pour qu’il soit rejeter par le mystère de la Croix. Faut-il alors se replier sur notre catholicité, comme le voulait le deuxième groupe cité plus haut ? Faut-il se taire et attendre le martyr ?
Pour répondre à cette question, revenons à la Révélation. Le chemin actuel de l’Église correspond, dans le livre de l’Apocalypse, à la fin de la sixième trompette, et à l’attente de l’heure de la septième. Ces trompettes marquent le chemin de l’Église avant son entrée dans son mystère pascal. La cinquième trompette a commencé lors du rejet du christianisme comme fondateur pour la société européenne, suite à la Renaissance et marquant une époque s’étendant jusqu’au XIXème siècle, voir jusqu’à la première guerre mondiale : « Alors je vis un astre qui du ciel avait chu sur la terre… » (Ap 9, 1). La sixième trompette parle du XXème et de ses horreurs, et s’étend encore jusqu’à maintenant. On y voit un déferlement de puissances ténébreuses. Mais, l’on y voit aussi la préparation d’un renouveau, qui doit advenir progressivement lors de la septième trompette et de grands combats eschatologiques.
Ce renouveau est amené par un ange puissant avec un arc-en-ciel et un livre ouvert (Ap 10) : il a quelque chose de messianique. Il vient manifester un secret à des témoins pour préparer la septième trompette. Les commentateurs ont longuement parlé de ce secret, se demandant pourquoi saint Jean parle de cela : il semble connaître ce secret et avoir reçu ordre de n’en rien dire. Certains ont imaginé récemment qu’il s’agissait là du concile Vatican II ou du renouveau charismatique, qui furent des nouveautés pour l’Église. Mais ce sont des nouveautés relatives, tout cela avait déjà été dit et vécu depuis des siècles. Force est de constater que ce ne sont pas là des « secrets » en tant que tels, et que cela ne va pas au bout de ce que semble annoncer cet ange, même si cela peut contribuer à la préparation dont il est question ici. Saint Jean semble bien nous dire qu’il y a dans la Révélation des choses qui ne doivent être rendues manifestes qu’à la septième trompette. C’est-à-dire pour nous très bientôt, si ce n’est déjà maintenant.
Alors la voilà la réponse à notre question. Face à cette Bête immonde qui se dresse aujourd’hui, tel un Dragon devant l’Église, il convient de demander à Dieu la manifestation du secret de la septième trompette, qui doit amener un grand renouveau. « Alors, il y eut une bataille dans le ciel : Michel et ses anges combattirent le Dragon. Et le Dragon riposta avec ses Anges, mais il eurent le dessous et furent chasser du ciel. » (Ap 12, 7-8). Le monde impie va s’effondrer en transperçant le Cœur de Jésus d’où va jaillir un mystère d’amour qui va renouveler notre civilisation.
Ce secret de la septième trompette a déjà percé en ce monde et ne demande qu’à se répandre tel un feu. Si vous jetez un coup d’œil sur les autres articles de ce site, peut-être en serez-vous convaincus. « Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende » (Mt 11, 15).
Cf. nos articles :
- Communauté de Familles
- Un mystère d’amour qui doit embraser le monde
- Montre-nous le Père, cela nous suffit.
- Les noces de l’Agneau
Et le septième ange sonna…
« Auparavant doit venir l’apostasie et se révéler l’Homme impie, l’Être perdu, l’Adversaire, celui qui s’élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu’à s’asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu. Vous vous rappelez, n’est-ce pas, que, quand j’étais encore près de vous, je vous disais cela. Et vous savez ce qui le retient maintenant, de façon qu’il ne se révèle qu’à son moment. Dès maintenant, oui, le mystère de l’impiété est à l’œuvre. Mais que seulement celui qui le retient soit d’abord écarté. Alors l’Impie se révélera, et le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa bouche, l’anéantira par la manifestation de sa Venue. » (2 Th 2, 3-8).
Ce qui retient la pleine manifestation de l’Homme Impie pour qu’il soit anéanti, c’est ce mystère de la septième trompette dont nous parlons ici, que l’on peut qualifier de mystère de saint Joseph, ou de mystère de la Sainte Famille. Quand il aura retenti par toute la Terre, le mal se déchaînera et montrera son visage d’horreur. Alors Dieu agira, nous sauvera, et fondera une nouvelle civilisation fondée sur le Christ : la civilisation de l’amour.
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