Lumière du désert

Alors que le rapport sur la pédophilie dans l’Église de France vient de paraître tel un séisme qui va faire beaucoup de bruits, et que le monde par bien des aspects semble en grande difficulté, nous fêtons aujourd’hui la saint Bruno. Celui-ci est le fondateur de l’ordre des Chartreux. À mon sens, c’est le plus grand saint de l’Église d’Occident, car sa spiritualité est la plus contemplative, et son ordre est celui qui a le plus porté ce monde par la prière. Inconnus de beaucoup, les chartreux sont des petites âmes données à Dieu qui permettent à l’humanité de cheminer à travers l’histoire en dépit de tous les dangers. Ils se sont tenus tel saint Jean-Baptiste le Précurseur dans le désert attendant l’Époux. Ils se sont tenus tel saint Jean au pied de la Croix. Ils se sont tenus telle sainte Marie-Madeleine témoin de la Résurrection devant le tombeau vide. La devise de cet ordre est : « Le monde tourne, la Croix demeure ». Grâce à eux, les grâces coulent sur le monde. Grâce à eux, l’Esprit-Saint et les bons anges se répandent partout.

Depuis plusieurs décennies, l’Ordre de Bethléem, de l’Assomption de la Vierge et de saint Bruno, qui se réclame de cette spiritualité, peut permettre à ceux qui le souhaitent de goûter quelque peu à cette vie du saint désert et d’entrer dans l’adoration du Père.

C’est dans ce désert, qu’il y a maintenant plus de onze ans, alors que je pensais y passer bientôt ma vie, une lumière s’est laissée voir à mes yeux lors d’un séjour là-bas, après une nuit d’adoration. Bouleversante, surprenante, inattendue. Il m’a fallu de nombreuses années pour en percevoir quelque peu le contour. Accouchant dans la douleur, j’ai fini par y trouver une immense joie, et comprendre qu’il s’agissait là du Vin Nouveau de l’Évangile.

C’est celle dont nous avons témoignée ici : Montre-nous le Père, cela nous suffit et Communauté de Familles. Elle permet de mieux saisir beaucoup de choses, de les voir sous un angle renouvelé, comme ces réalités de la masculinité et de la féminité qui posent beaucoup questions aujourd’hui : cf. Hommes et Femmes dans le plan de Dieu. J’ai suffisamment cherché, et questionné des théologiens, pour savoir qu’il n’y a rien dans cette lumière qui soit contraire à la foi de l’Église, à l’Écriture et à la Tradition. Seulement, il faut bien voir que notre Dieu est bien au-delà de nos pensées, et qu’il y a encore des choses à découvrir. Elles sont contenues dans la Révélation, mais elles n’ont pas encore été explicitées. Tant que l’Église n’a pas tranchée sur ces questions, il n’y a pas d’hérésie à penser qu’elles sont vraies ou fausses. Mais le jour où l’Église tranchera par le charisme d’infaillibilité, dans un sens ou dans l’autre, alors il faudra adhérer à ce qui sera devenu un dogme. Pour le moment, il est bon qu’il y ait du débat.

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Empire

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Apparition de la Salette, où la Vierge Marie a parlé des Apôtres des derniers temps.

La tentation de l’homme en politique, c’est de faire un empire. C’est de résumer en un seul pouvoir, tous les pouvoirs de la Terre, comme la tour de Babel. C’est une tentation démoniaque qui, si un jour elle était réalisée, ne pourrait pas tenir. Elle s’effondrerait très vite.

Nous avons déjà dit dans notre article Vers la civilisation de l’amour qu’en politique, le pouvoir vient du peuple de par la nature de l’homme. Les représentants ne peuvent donc pas l’usurper au-delà de ce qui remonte jusqu’à eux par subsidiarité. Ces représentants, élus par les modalité propres à chaque culture, tiennent quant à eux leur légitimité de Dieu par voie descendante dans l’ordre hiérarchique. C’est une légitimité contingente et qui est très liée au respect de la loi naturelle.

Nos républiques et démocraties savent se doter de lois civiles pour régler les affaires d’un pays. Lire la suite « Empire »

Graines d’étoiles

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Incendie de Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019

Jean Vanier, le fondateur de l’Arche, vient de perdre son auréole. Déjà promis pour beaucoup à accéder un jour à la gloire des autels, le voilà maintenant accusé d’abus sexuels. L’incendie qui sévit dans l’Église semble encore s’étendre.

Que se passe-t-il donc ? Une attitude possible serait le déni qui nous ferait dire que ce n’est pas possible. Mais la concordance des témoignages, l’habitude d’entendre des hommes prétendument intègres minés finalement par de grandes faiblesses et l’unanimité de ce que l’on lit dans les médias risquent fort de nous conduire à adhérer à cette triste nouvelle. N’était-il par très proche du père Thomas Philippe qui est connu pour ses nombreux abus du même genre qu’il a légitimé par une théologie déviante ? Et le frère de celui-ci, le père Marie-Dominique Philippe, n’est-il pas tombé dans le même travers ? Tout semble clair et assuré.

Et pourtant, nous ne suivrons pas cette voie-là d’adhérer à ces accusations pour au moins deux raisons. La première, à cause de la conscience aiguë que les errances spirituelles et théologiques du père Thomas Philippe n’ont pas pu les mener jusque là. La deuxième, car il existe une autre explication. Lire la suite « Graines d’étoiles »

Mais où va l’Église ?

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Vitrail des noces de Cana

Des débats rejaillissent fréquemment dans l’Église et mettent certains en émoi. C’est le cas notamment, à l’occasion de ce synode sur l’Amazonie, au sujet de l’accès éventuel des femmes à l’ordre diaconal et sacerdotal. D’autres confessions chrétiennes ont déjà franchi ce pas. Mais, selon la tradition catholique, le Christ a institué le sacrement de l’ordre pour les hommes ; et comme l’a dit Jean-Paul II en son temps, l’Église ne peut pas revenir là-dessus.

Cependant le monde d’aujourd’hui, épris d’égalité entre les hommes et les femmes, interroge l’Église sur la place réciproque des hommes et des femmes en son sein. Cette attention est juste, même si cela se fait parfois dans des excès et de la confusion. Le monde a cheminé sur cette question, et l’on est en droit de revisiter ce qui peut l’être. D’autant que l’Église a pu faire preuve d’un certain excès dans la place accordée aux hommes par rapport à celle des femmes, ce qui n’a pas été sans conséquences sur certaine déviation de la spiritualité. L’on peut noter à juste titre que l’Église a pu manquer de compassion et de miséricorde au cours des derniers siècles quant à ceux dont la vie était tordue ou en dehors des normes, ce qui nous apparaît comme la marque d’une trop grande absence de repères féminins.

Alors, qu’est-ce que l’Esprit dit aux Églises à ce sujet ? Quelle est la volonté du Seigneur sur la place des hommes et des femmes dans les ministères ecclésiastiques ?

Dans le livre de l’Apocalypse, il est écrit : « Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme ! » (Ap 12, 1). Ce passage désigne la Vierge Marie. Il désigne aussi l’Église. Mais il peut aussi désigner dans le foisonnement de sens qu’un tel passage recèle l’irruption de quelque chose de proprement féminin dans le mystère ecclésial. Quelque chose de nouveau dans le chemin de l’Église. Lire la suite « Mais où va l’Église ? »

L’anneau du pêcheur

Blason pape

Demain, 6 octobre, c’est la fête de saint Bruno (~1030 – 1101), qui a fondé l’ordre des chartreux dans le massif du même nom près de Grenoble. Cet ordre est celui qui, silencieusement, caché de tous, a très certainement porté le plus de fruits pour l’Église, au moins du côté latin, au cours du deuxième millénaire. Cet ordre a la vocation, à la suite de saint Jean-Baptiste, à se tenir au désert près de la Croix du Christ, tel l’épouse près de l’époux, pour permettre à la vie de Dieu de pénétrer ce monde, de l’irriguer, pour faire que la puissance de la Résurrection l’envahisse, pour faire que l’amour soit vibrant au cœur de l’humanité, et pour que le mystère de la communion et de l’unité, venant de l’Alliance avec Dieu, irrigue toutes les dimensions de ce monde.

De communion et d’unité, l’Église et le monde en ont bien besoin, aujourd’hui comme hier. Lire la suite « L’anneau du pêcheur »